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Dans l'Utah, la polygamie n'est plus un délit, mais une simple contravention

Les mariages polygames ne sont plus punis que d'une amende de 750 dollars et de travaux d'intérêt général.

Le Capitole de l'État de l'Utah à Salt Lake City. | George Frey / AFP
Le Capitole de l'État de l'Utah à Salt Lake City. | George Frey / AFP

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The New York Times

L'Utah a décidé de rétrograder la polygamie à une contravention, comme peut l'être un excès de vitesse. Cette pratique sera à présent jugée moins sévèrement dans l'État conservateur, alors que dans le reste du pays, elle reste un délit passible de prison.

Gary Herbert, le gouverneur de l'Utah, avait signé la loi classant la polygamie parmi les contraventions en mars; elle est entrée en vigueur le 12 mai. L'infraction est maintenant punie d'une amende de 750 dollars et de travaux d'intérêt général, contre une peine pouvant aller jusqu'à quinze ans d'emprisonnement auparavant.

Désormais, un homme marié peut donc prendre plusieurs femmes supplémentaires sans encourir de peine de prison –du moins si les mariages sont consentis. Si les épouses sont victimes de pressions, de menaces ou de violences, la polygamie est toujours un délit, et l'allègement de la peine ne s'applique pas.

«C'est un moyen abject de renforcer l'esclavage sexuel moderne», s'indigne la Sound Choices Coalition. Pour le groupe militant, cette loi revient à légaliser la polygamie dans l'Utah.

La sénatrice républicaine de l'État Deidre Henderson s'en défend: «Nous n'avons pas légalisé la polygamie. Nous avons simplement éliminé la crainte que des polygames autrement respectueux des lois soient emprisonnés ou que leurs enfants leur soient enlevés.»

Faciliter les signalements

Ancrées dans la culture religieuse de l'Utah, les unions polygames, appelées «plural marriage», sont difficiles à empêcher. Officiellement, cette pratique a pourtant été bannie par l'Église mormone elle-même en 1890.

Dans les communautés polygames de l'État, majoritairement mormones fondamentalistes, les les violences conjugales et sur mineurs ne sont que très peu dénoncées. Cette absence de signalement serait notamment imputable à la peur des familles d'être séparées ou emprisonnées.

En 2001, Tom Green, un homme marié à cinq femmes et père de vingt-neuf enfants, avait été accusé entre autres de pédophilie. Le procureur général de l'Utah de l'époque avait soutenu l'idée d'alléger la peine encourue pour polygamie, pour permettre à des victimes ou témoins d'alerter sur des situations similaires sans crainte.

Deidre Henderson souligne que les polygames arrêtés et condamnés ces dernières années ne l'ont pas été pour leur polygamie, mais pour d'autres faits plus graves de pédophilie, d'agressions sexuelles, de viols ou d'escroquerie.

«En marginalisant les gens, on permet à ces agresseurs faisant du mal à des personnes trop effrayées pour signaler de telles violences de s'en tirer», soutient Connor Boyack, président de l'Institut Libertas et fervent partisan de la nouvelle loi.

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