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Dans les quartiers italiens confinés, la mafia resserre son emprise

De l'autre côté des Alpes, le crime organisé profite du coronavirus pour asseoir son influence.

Naples est une place forte de la Mafia en Italie. | Paul Postema via <a href="https://unsplash.com/photos/IKPahUABjxs">Unsplash</a>
Naples est une place forte de la Mafia en Italie. | Paul Postema via Unsplash

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Deuxième épicentre après la Chine, l'Italie a été très durement touchée par l'épidémie de coronavirus Covid-19 et commence à peine à remonter la pente. Avec sa population cloîtrée chez elle et une économie quasiment à l'arrêt, le coup est très dur pour les Italien·nes les plus précaires.

Là où l'État et les associations caritatives ne parviennent pas à les aider suffisamment, les foyers en difficulté trouvent de l'assistance où ils peuvent, parfois auprès du crime organisé. Des membres de la mafia sont entrés en action en apportant de la nourriture et en prêtant de l'argent.

Selon Federico Cafiero De Raho, le procureur national anti-mafia, ces actions ne relèvent pas de la charité chrétienne, mais sont des manières de rendre le maximum de personnes redevables et de raffermir l'influence de la mafia.

Les dons qu'elle fait aujourd'hui seront remboursés d'une manière ou d'une autre. Un repas gratuit peut être remercié en transportant de la drogue. Un petit commerce qui a pu rester à flot grâce à la mafia servira ensuite pour blanchir de l'argent, etc.

Le moment d'investir

«Pour la Camorra, c'est le moment d'investir», explique De Raho. Car si le contexte est favorable à l'extorsion, le confinement met des bâtons dans les roues de son autre gagne-pain, le trafic de drogue.

Pour combler ce manque à gagner, accumuler les entreprises acquises à la cause sera précieux, car elles permettront de toucher une partie de l'argent distribué par le potentiel plan de sauvetage européen.

«Nous savons que des “amis de la famille”, des usuriers, se rendent disponibles pour prêter de l'argent aux personnes en difficulté» explique à Reuters Amedeo Scaramella, un avocat membre de la Giuseppe Moscato Foundation, un groupe catholique napolitain anti-mafia.

Une technique habituelle de la mafia consiste à proposer des prêts plus intéressants que ceux des banques, puis à contraindre les emprunteurs à payer des intérêts exorbitants.

Il est donc primordial pour les autorités que les prêts bancaires restent accessibles, y compris aux populations défavorisées, au risque de saper les efforts anti-mafia effectués depuis des années dans le sud de l'Italie.

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