Parents & enfants / Société

Avoir un enfant modifie la relation avec ses (beaux-)parents

Quand l'enfant paraît, les contacts avec ceux qui endossent alors l'identité de grands-parents augmentent. Et tout le monde doit trouver sa place, sans empiéter sur celle des autres.

Les parents attendent des grands-parents qu'ils les secondent sans être trop intrusifs. | Claude Herrada <a href="https://www.flickr.com/photos/49741335@N03/49013677127/in/photolist-2hFaUAK-seNBNb-2ckYX6K-2hoCP5n-eB6j1i-6bRiYn-qBipg-8XfdTK-3LkWw9-4tfDv2-pFUdws-b9iUqe-BkGQZ-dZUHEz-3pHjGz-5mmRK1-6bRhb8-5ifUp6-7SG6v7-dT41wp-a8f71y-3DX7tw-51y5S-hUwNGn-f5KvQa-5idafx-mBGVb-rhB7UD-6bVtZ3-2aaNBY-9jF6EP-6bRjoZ-hkCjUn-6bRfWP-a6paRX-5ktTDi-5bb45T-dT41kD-LXA6o8-8TTwMP-a6KHKP-36HjdB-5ifTMB-28E2v8V-8JswRH-hV84kx-6bVurm-a1G4Q-dpfV2v-qKeTuV">via Flickr</a>
Les parents attendent des grands-parents qu'ils les secondent sans être trop intrusifs. | Claude Herrada via Flickr

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Depuis que Maxime, 33 ans, est papa, il côtoie plus régulièrement sa mère à lui. «Il ne se voit pas refuser les demandes de visite de sa mère, qui est tellement heureuse d'être “une grand-mère gâteau”», décrit Andrée-Anne Boucher, qui l'a interrogé dans le cadre de son mémoire de sociologie à l'université Laval (Québec). La désormais grand-mère, quant à elle, «voudrait voir sa petite-fille [de 2 ans] tous les jours si son fils lui donnait le feu vert». Idem de Stéphanie, 35 ans, mère de trois enfants âgés de 1, 5 et 7 ans: elle «était déjà très proche de ses parents, mais avec les enfants, elle se sent “1.000 fois plus proche” d'eux et elle les voit plusieurs fois par semaine». Une situation qui est loin d'être une spécificité québécoise. Comme l'écrivent les sociologues Marlène Sapin et Éric Widmer dans un chapitre de Devenir parents, devenir inégaux. Transition à la parentalité et inégalités de genre, «durant la transition à la parentalité, […] la fréquence de contacts avec les membres de la parenté immédiate augmente».

En gros, quand on devient parent, on est davantage amené à frayer avec les siens. Et ce, depuis des siècles. Comme le relate l'historienne Emmanuelle Berthiaud dans un autre ouvrage collectif, aux XVIIIe et XIXe, «les filles manifestent souvent le besoin d'avoir leur mère à leurs côtés» et les familles royales ne font pas exception: «L'impératrice Joséphine comme la reine Marie-Amélie traversent une partie de l'Europe pour être auprès de leur fille en couches.» Sauf que ce nouvel équilibre n'est pas évident à trouver, ni à concilier avec les normes parentales contemporaines. Et ce n'est pas une question de mésentente ni de mauvaise volonté mais bien de pratiques ancrées dans le quotidien.

«J'ai de la chance d'avoir des parents et beaux-parents qui ont été intelligents, me détaille Céline, 47 ans, cheffe de projet SI en santé, et mère de deux filles de 14 et 13 ans. Mon ressenti, c'est que tout se passe bien. Mais ça ne se fait pas nécessairement tout seul, tu sens qu'il y a des efforts à faire des deux côtés. Et ça, constamment. Il faut être souple.» Surtout que, souvent, les liens familiaux ne se resserrent pas juste dans les premiers mois après la naissance d'un enfant. «Non seulement l'aide déployée durant la période des relevailles [la brève période suivant l'accouchement] est considérable, mais les contacts, les dons et les services se multiplient également par la suite», analyse la diplômée de sociologie québécoise, qui a reçu un prix pour son travail de recherche. Par exemple, en France, les recours au moins occasionnels aux grands-parents comme solution de garde concernent deux tiers des enfants de moins de 6 ans.

Ressource qui dépanne bien

C'est logique. «Il s'agit de maintenir ou de créer du lien entre les générations, d'inscrire l'enfant dans sa lignée», dissèque Morgan Kitzmann, chercheur post-doctorant en sociologie à la Sorbonne dont la thèse portait sur «le complément grand-parental» et les solidarités familiales. «Je veux que ma fille voie ses grands-parents. Il n'y a aucun problème avec ça. C'est rare qu'on dise non, à moins qu'on ne puisse juste pas», déclarait Maxime à Andrée-Anne Boucher. Mais, si c'est principalement «à travers la garde des petits-enfants que se manifeste l'investissement massif des grands-parents», comme le soulignent Claudine Attias-Donfut et Martine Segalen dans leur livre Grands-parents. La famille à travers les générations, et non au cours de sorties ou repas en famille, toutes générations confondues, c'est surtout «pour répondre aux contraintes de l'organisation du quotidien», appuie le chercheur.

«Les mères étant plus souvent les cheffes d'orchestre, elles vont se tourner vers la lignée maternelle.»
Morgan Kitzmann, sociologue

Les grands-parents sont «un soutien assez flexible et utilisable, une solution de dépannage peu coûteuse pour faire face aux imprévus». Cela fait d'eux une ressource idéale et plus facilement mobilisable pour des gardes de dépannage, lorsqu'une réunion se finit plus tard que prévu comme quand on est coincé·e dans les bouchons ou les transports en commun. Ce recours ponctuel peut, au fil du temps, devenir plus régulier. Morgan Kitzmann évoque des grands-parents qui intervenaient deux fois par semaine parce que le parent qui devait chercher l'enfant à l'école était en retard de façon récurrente et «cette situation de dépannage s'est un peu routinisée». Ainsi, les grands-parents sont un complément fréquent des modes de garde existants, de la crèche ou de l'assistante maternelle comme de l'école. «Leur rôle, c'est un peu un “buffer”: arrondir les semaines pour les enfants et pour les parents, donner un peu de lousse à tout le monde», synthétisait François, 36 ans, père de deux enfants de 4 et 7 ans, auprès d'Andrée-Anne Boucher.

Confiance linéaire

Outre cet aspect flexible et sans rétribution financière automatique, si les grands-parents prennent autant de place dans la vie, c'est aussi parce que, dans la plupart des cas, les parents «ont pleinement confiance en eux», note Sandra Côté, dans son mémoire de sociologie intitulé «Les relations entre les grands-parents et leurs petits-enfants au Québec». C'est d'ailleurs pour cela que l'on observe un recours plus fort aux grands-parents maternels (11% des moins de 6 ans sont gardés très souvent par ces derniers, 13% assez souvent, 34% occasionnellement) que paternels (7% des jeunes enfants sont gardés très souvent par ceux-ci, 8% très souvent, 29% occasionnellement). «Les mères étant plus souvent les cheffes d'orchestre, elles vont se tourner vers la lignée maternelle», glisse Morgan Kitzmann. Célia, 32 ans, éducatrice spécialisée à domicile et mère d'une fille de 2 ans et demi, confirme: «Si on doit sortir pour X raisons, c'est souvent mes parents qu'on appelle, parce que c'est moi qui organise ça et qu'eux répondent plus présents si on a besoin d'eux.»

Rien que de très normal, explicite le chercheur en sociologie. «On va plutôt confier ses enfants à des intervenants avec lesquels on s'entend le mieux et avec qui il y a possibilité de négocier.» Le recours à l'aide grand-parentale sera mineur voire inexistant «si les parents ont des doutes ou une moindre confiance sur les compétences des grands-parents pour assurer la sécurité de leur enfant». Ainsi de Stéphanie, mère de trois enfants interviewée par Andrée-Anne Boucher, qui évite carrément que sa belle-mère garde ses enfants en raison de mauvaises expériences préalables: «Je ne lui fais pas confiance. T'sais, une journée, il faisait 35°C, pis elle est allée prendre une marche pendant deux heures dehors et elle me dit: “Quand je suis revenue, le petit était mauve. […] On a pris un bain d'eau froide, j'avais peur qu'il surchauffe.” Il avait 1 an et demi…»

Petit-enfant choyé

Pour autant, développe le sociologue, «ce n'est pas un monde enchanté où tout le monde s'entend bien». Contrairement à ce que l'on pourrait croire de prime abord, ces difficultés ne sont pas provoquées par la tendance grand-parentale à se faire papis et mamies gâteau et à déroger à l'étiquette parentale à coup de distribution de bonbons ou d'heure de coucher plus tardive. Ce statut d'adultes prodigues est tout à fait accepté, et même souhaité. «Dans les discours, les grands-parents ont souvent ce rôle assez ludique auprès des petits-enfants. La norme de la bonne grand-parentalité, ce sont des grands-parents qui s'investissent auprès des petits-enfants sur le mode des jeux et des loisirs, des grands-parents aimants, aidants, qui vont transgresser les règles.»

C'est ce qu'exprimait François à André-Anne Boucher: «Je trouve qu'on ne laisse pas nos enfants “lousse”, pis je pense que les grands-parents, c'est fait pour ça. Genre: “Viens chez nous, pis on va rien faire, on va aller jouer dehors.” Ça, ça amène du temps de qualité que parfois, les parents, on n'est pas capables d'offrir. On les inscrit à des cours, on les “parke” devant leur iPad pour finir le ménage, tandis que les grands-parents, ils passent du temps de qualité. […] C'est sûr que l'enfant va être choyé.» Idem pour Alain, 59 ans, pour qui être grand-père d'une petite-fille de 2 ans lui confère un rôle «d'entraide, d'accueil, de gâterie». «Il faut aussi tolérer que les grands-parents ont leur place, et que cette place est différente de la tienne. Il faut accepter de partager ton enfant», insiste Céline.

Disponible de bon cœur

L'idéal de grand-parentalité qu'a en tête Alain, c'est aussi d'être disponible, «pour ainsi accorder “plus de temps” aux petits-enfants», relève Andrée-Anne Boucher. Cette «norme de disponibilité», Morgan Kitzmann l'a également constatée au cours de sa thèse: «Les grands-parents se montrent disponibles même si, potentiellement, cela va au-delà des frontières auxquelles ils s'attendaient. Ils sont volontaires, c'est aussi un cadeau qui leur est fait de garder leurs petits-enfants.» La solidarité familiale intergénérationnelle se fait règle.

«Ma belle-mère, fallait que je la retienne. Elle, elle aurait dormi ici, elle aurait déménagé ici.»
Nathalie, 40 ans, mère de deux filles de 8 et 5 ans

On l'aperçoit dans les propos recueillis lors de l'enquête d'Andrée-Anne Boucher. «Je lui dis: “On est là.” Mais pas de pression, une offre seulement, de bon cœur, pour lui faire savoir qu'elle peut toujours compter sur nous autres», narrait Denise, 66 ans, à propos de sa fille Josée, 32 ans, mère célibataire, et de son petit-fils de 6 ans. «On sait que s'il leur arrivait quelque chose, autant dans un cas que dans l'autre, c'est nous la roue de secours. […] Mais c'est comme dans notre nature, de vouloir aider nos enfants», décrivait Jacques, 72 ans, au sujet de sa fille Isabelle, 43 ans, de sa conjointe et de leurs deux enfants de 6 ans et 9 ans.

Ne pas s'imposer

Le problème, c'est que cette norme de disponibilité et de solidarité peut être difficile à concilier avec l'autre norme qui chapeaute les relations intergénérationnelles: celle de l'autonomie du couple parental. «Ma belle-mère, fallait que je la retienne. Elle, elle aurait dormi ici, elle aurait déménagé ici. […] C'était des appels trois ou quatre fois par jour pour savoir comment la petite allait. Elle demandait: “Elle a bien dormi?” tous les matins. C'était tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et ça, c'est sans dire les invitations à aller chez eux», confiait Nathalie, 40 ans, mère de deux filles, de 8 et 5 ans, à Andrée-Anne Boucher. «Quand on a déménagé à Courbevoie, à dix minutes à pied de chez les parents d'Étienne, pendant les premiers mois, ils passaient tous les week-ends», me souffle avec encore une pointe d'agacement Célia.

Le grand-parent envahissant est une figure repoussoir. «Les parents demandent aux grands-parents d'être toujours là quand on a besoin d'eux, mais aussi de ne pas être là quand on n'en a pas besoin. […] Être là, mais ne pas s'imposer; accepter même à contrecœur les valeurs et les comportements des jeunes, en s'efforçant de ne pas juger ni de prendre parti», lit-on dans l'ouvrage de Claudine Attias-Donfut et Martine Segalen. On retrouve cette perception parmi les répondant·es à l'enquête d'Andrée-Anne Boucher. Pour Claire, 75 ans, s'il faut apporter «de la disponibilité et de l'affection», il ne s'agit «surtout pas d'imposer des affaires qui ne sont pas dans leurs valeurs». Sa fille, Nathalie, entend la même chose: «Il ne faut pas que le grand-parent fasse de pression, il ne faut pas qu'il s'impose.» Marie, 62 ans, interrogée par Sandra Côté, a beau habiter l'appartement du dessous de ses deux petits-enfants et être très proche d'eux, elle demande quand même «la permission aux parents d'amener ses petites-filles au théâtre».

Rôle éducatif secondaire

Ne pas s'imposer, c'est rester à sa place. Et celle-ci n'est (en théorie) pas éducative. «Dans les discours, les grands-parents disent s'investir en délimitant bien leurs interventions, la scission est assez nette entre le rôle des parents et le rôle des grands-parents; il n'est pas attendu de ces derniers qu'ils aient un rôle éducatif, celui-ci est du ressort des parents», souligne Morgan Kitzmann. Ces derniers conservent donc en principe le premier rôle et sont décisionnaires. En pratique, c'est plus compliqué: «Les frontières sont plus floues, ça déborde.»

«L'éducation, c'est nous. Chacun dans son rôle.»
Céline, 47 ans, mère de deux filles de de 14 et 13 ans

Parfois, les grands-parents conçoivent leurs nouvelles fonctions «dans un prolongement de leur rôle parental envers leurs enfants maintenant devenus parents», relève Andrée-Anne Boucher. Puisque le nouveau parent est récipiendaire d'une aide financière, de services, d'une écoute comme de conseils parentaux (d'autant qu'il découvre une nouvelle situation et que les soutiens institutionnels ne sont pas légion), il arrive qu'il soit «encore perçu comme “l'enfant de ses propres parents”», écrit-elle en citant les travaux de Ross Macmillan et Ronda Copher. Ce qui peut provoquer quelques accrochages.

Tiraillements à contrôler

Même sans mauvaises intentions ni infantilisation, les frictions peuvent surgir. Le mari de Céline arrivait plus tôt qu'elle à leur domicile et reprenait les devoirs de leurs filles, en présence d'au moins un de ses beaux-parents, qui étaient allés les chercher à l'école. «Je ne sais pas si c'est parce qu'ils ont été profs mais, pour eux, sa façon à lui d'apprendre n'était pas la bonne. Ils s'en sont mêlés. J'ai dû intervenir, leur dire “non, vous laissez faire, les filles marchent bien à l'école”.» Il arrive encore que ses filles fassent un caprice en présence de leurs grands-parents, que le père de Céline prenne part à la scène et qu'elle doive lui demander de se taire. «L'éducation, c'est nous. Chacun dans son rôle.»

En prenant garde d'éviter toute immixtion, des grands-parents «peuvent être tiraillés entre leur volonté de donner des conseils et leur crainte que ceux-ci soient interprétés par les parents comme une forme d'ingérence dans leur vie familiale», pointait Andrée-Anne Boucher. Ainsi de Monique, mère de Julie, 34 ans, et grand-mère d'un petit garçon âgé d'1 an: «Je vois des choses que je ferais autrement, c'est sûr! Les jeunes aujourd'hui pensent innover et ils lisent beaucoup de livres. Ils pensent qu'ils ont tout inventé. […] Ma belle-mère était contrôlante et c'était épouvantable! Et j'ai tendance à être comme ça, moi aussi. […] J'essaie de mettre la pédale douce. J'ai vu les ravages que ça faisait.»

Transmission naturelle

Généralement, les grands-parents s'abstiennent donc de trop intervenir sur les choix éducatifs et tout ce qui touche au scolaire, à la pédagogie ou à la discipline. Sauf que, en étant présents auprès des petits-enfants de manière plus ou moins intensive et régulière, ils «sont a fortiori obligés de faire preuve d'autorité», signale Morgan Kitzmann, et de sortir de leur rôle de papi-mamie gâteau. En outre, ils ont souvent envie de léguer des valeurs à leurs petits-enfants. Or, plus ils passent du temps avec eux, plus cette transmission va se faire sans y penser.

«Quand les filles étaient petites, nos parents faisaient l'effort de ne rien dire. À l'adolescence, c'est là où il y a le plus de mécompréhension.»
Céline, 47 ans, mère de deux filles de de 14 et 13 ans

«C'est plutôt par la force des choses, à moins d'être vraiment missionnaire pour certaines valeurs, sinon ça vient comme naturellement, hein!», déclarait René, 57 ans, grand-père de deux petits-enfants, à Sandra Côté. «C'est assez naturel au quotidien», témoignait aussi Hélène, 50 ans, et également grand-mère de deux petits-enfants. Problème: ces valeurs ont de fortes chances d'aller à l'encontre de certains préceptes éducatifs parentaux. Car, comme le mentionnaient Claudine Attias-Donfut et Martine Segalen dans Le siècle des grands-parents. Une génération phare, ici et ailleurs, «32% des grands-parents ne sont pas d'accord avec l'éducation donnée aux petits-enfants».

«Chicoufs» grands-parentaux

Céline remarque que les nombreuses activités, notamment sportives, de ses deux filles et déplacements dus aux compétitions sont regardés d'un œil sceptique par leurs quatre grands-parents. Quand tout roule, aucune réflexion n'est faite. Mais des «ah, mais elles sont fatiguées, elles font beaucoup d'activités» peuvent surgir dès qu'un problème, à l'instar de mauvaises notes, survient. Pour elle, c'est une question de repères. Et ça vaut aussi pour les recommandations médicales et le soin porté aux nouveau-nés comme le rapport aux objets connectés: «Quand t'es parent, tu suis ton médecin. Les grands-parents ont d'autres repères. Quand les filles étaient petites, tu sentais qu'ils faisaient l'effort de ne rien dire. À l'adolescence, l'écart entre les générations est encore pire, c'est là où il y a le plus de mécompréhension. Pour le portable, par exemple, nous on est obligés de céder à une certaine pression sociale, on côtoie d'autres parents, d'autres enfants; eux, c'est moins le cas.» Alors, forcément, les jugements grands-parentaux s'emballent.

Résultat, de la même façon que les grands-parents peuvent surnommer leurs petits-enfants «chicoufs» (pour «Chic, ils arrivent! Ouf, ils repartent!»), parce que s'en occuper n'est pas de tout repos, les grands-parents peuvent devenir les «chicoufs» de leurs propres enfants. Sauveurs du quotidien, complément nécessaire des modes de garde classiques mais aussi empêcheurs (souvent malgré eux) d'éduquer en totale liberté. «Parfois, t'as besoin de t'éloigner pour qu'ils ne soient pas témoins de tout», résume Céline. Pas question ici de dire qu'il faut déménager loin d'eux mais juste qu'il faut essayer de bricoler et négocier, sans que ce soit trop conflictuel, ce nouveau contrat intergénérationnel. Sans que les grands-parents soient asservis à leurs (petits-)enfants mais sans, inversement, qu'ils imposent leurs façons de faire, parfois un peu dépassées, aux membres de la nouvelle entité familiale. En somme, chaque génération à sa place, et les enfants seront bien gardés.

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