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Aux États-Unis, ce que les migrants disent aux psys peut être utilisé contre eux

Les mineurs demandeurs d'asile ont des entretiens obligatoires avec des psychologues, mais les détails de ces conversations ont déjà été utilisées par l'agence de contrôle de l'immigration.

Des demandeurs d'asile à McAllen au Texas en 2018. | John Moore / Getty Images North America / AFP
Des demandeurs d'asile à McAllen au Texas en 2018. | John Moore / Getty Images North America / AFP

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Washington Post

Lorsqu'un mineur demandant l'asile arrive aux États-Unis, il est placé en détention et doit se rendre à plusieurs rendez-vous obligatoires avec un psychologue.

Alors que ces discussions sont présentées comme une bonne occasion pour les jeunes de parler de leurs traumatismes, il s'avère que depuis 2018, les notes prises par les psychologues peuvent être envoyées à l'ICE, l'agence qui gère les expulsions de sans-papiers.

C'est ainsi que plusieurs conversations qui étaient censées être confidentielles ont été utilisées au tribunal pour prouver qu'un demandeur d'asile devait être expulsé.

Le Washington Post a suivi l'histoire de Kevin Euceda, un Hondurien venu aux États-Unis à l'âge de 17 ans, qui a raconté à des psychologues qu'un gang local l'avait forcé à vendre de la drogue et à commettre des actes de violence, une pratique d'enrôlement forcé assez courante. Ces informations ont été transférées à l'ICE, et l'avocat de cette agence a mentionné ces détails lors d'une audience.

Pendant sa conversation avec les psychologues, Kevin a également précisé qu'en détention, il avait souvent l'impression qu'il allait «exploser» à cause de la colère et de la frustration. Ces mots exacts ont ensuite été cités à quatre reprises par l'ICE pour démontrer que Kevin était trop dangereux pour être libéré.

Violations du secret professionnel

Depuis deux ans, la consigne officielle est que les psychologues doivent donner leurs notes à l'ICE dès qu'un jeune parle de gangs ou de drogue. Selon le Washington Post, plusieurs psys opposés à ces pratiques ont commencé à ne pas inclure tous les éléments dans leurs notes, afin de protéger les mineurs.

Dans plusieurs cas, le gouvernement s'est pourtant bien servi d'informations confidentielles. En Californie, un adolescent détenu depuis onze mois avait parlé de son envie de mourir, et l'entretien a été repris contre lui au tribunal, pour prouver qu'il représentait un danger pour lui-même et devait donc être expulsé.

L'Association américaine de psychologie a vivement condamné ces violations du secret professionnel: «Il s'agit de mineurs qui ont peur et qui ne comprennent pas toujours que parler à des psychologues de gangs et de drogue –souvent les raisons pour lesquelles ils ont quitté leur pays– peut être utilisé contre eux.»

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