Santé

Ce qui se passe dans votre métabolisme quand vous mélangez alcool et médicaments

Comprendre la chimie de votre cerveau devrait vous dissuader de vous mettre en danger.

Médicaments ou alcool, il faut choisir. | Pexels <a href="https://pixabay.com/fr/photos/gros-plan-m%C3%A9dicaments-m%C3%A9dicaux-1853400/">via Pixabay</a> - jarmoluk <a href="https://pixabay.com/fr/photos/un-verre-de-vin-alcool-vin-blanc-428315/">via Pixabay</a>
Médicaments ou alcool, il faut choisir. | Pexels via Pixabay - jarmoluk via Pixabay

Temps de lecture: 2 minutes

Cet article est publié en partenariat avec Quora, plateforme sur laquelle les internautes peuvent poser des questions et où d'autres, spécialistes du sujet, leur répondent.

La question du jour: «Pourquoi mélanger alcool et médicaments est-il dangereux?»

La réponse d'Olivier Imauven, interne en anesthésie-réanimation chez Assistance publique-Hôpitaux de Paris:

Pour plusieurs raisons.

1. Augmentation de l'absorption

L'absorption de l'éthanol se fait lentement dans l'estomac, et plus rapidement au niveau de l'intestin grêle. Pendant son absorption digestive et son premier passage à travers le foie, il subit un premier mécanisme d'élimination que l'on nomme métabolisme de premier passage.

Certaines enzymes retrouvées entre autres au niveau digestif, comme l'alcool déshydrogénase, peuvent être inhibées par des médicaments comme l'aspirine, ce qui va augmenter la quantité d'éthanol absorbée en diminuant le fameux effet de premier passage.

Les personnes qui prennent des médicaments prokinétiques gastriques (métoclopramide, érythromycine) peuvent accélérer le passage de l'alcool vers l'intestin grêle et diminuer ainsi son temps de contact avec les enzymes de dégradation gastriques. La résultante sera également une augmentation de la quantité d'alcool absorbée.

Certaines études animales suggèrent que la prise d'antibiotiques, en réduisant la densité de la flore intestinale, pourrait également augmenter la quantité d'alcool ingérée en amputant le métabolisme bactérien de l'éthanol.

2. Synergie dans le mode d'action

Une fois absorbé, l'éthanol va être distribué dans l'organisme et atteindre ses cibles. L'éthanol partage avec un certain nombre de médicaments un site effecteur au niveau neuronal connu sous le joli nom de récepteur Gabaa. Le canal Gaba s'ouvre quand il fixe un agoniste, par exemple le petit comprimé d'Alprazolam du soir pour dormir.

La résultante de cette ouverture est une entrée de chlore au sein d'un grand nombre de neurones, qui va diminuer leur capacité à communiquer entre eux, et rendre somnolent.

C'est le but, me direz-vous. Mais augmenter la dose d'Alprazolam peut activer de façon trop importante ce canal et provoquer une somnolence qui, logiquement, peut s'avérer dangereuse.

Cependant, rappelons que l'éthanol aussi a des affinités avec ces récepteurs. En consommer de façon conjointe à l'Alprazolam (ou autres benzodiazepines) revient à majorer de façon synergique et dangereuse la sédation qui va en résulter.

3. Compétition dans l'élimination

L'éthanol est continuellement pris en charge par le foie pour son élimination. Il subit un certain nombre de transformations.

Les enzymes qui concourent à sa destruction vont être stimulées et produites en plus grande quantité en cas d'éthylisme chronique. C'est un inducteur enzymatique modéré du CYP450 3A4, il va donc augmenter la vitesse d'élimination des médicaments qui empruntent la même voie métabolique. Cela concerne énormément de médicaments! Pour n'en citer que deux: la warfarine et la ciclosporine.

C'est également un inducteur enzymatique fort du CYP450 2E1. Il va donc augmenter la vitesse d'élimination de l'isoniazide, ce qui peut être très préjudiciable pour un antibiotique antituberculeux.

Pour d'autres médicaments comme le paracétamol, c'est le métabolisme vers la formation d'un composé hépatotoxique qui va être accélérée, et le foie qui va «trinquer».

Donc en résumé, ne pas mélanger.

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