Pour certain·es, trouver son chemin est une galère au quotidien. Scotché·e sur son GPS à chaque sortie, on finit par se demander ce que l'on a fait pour mériter un aussi piètre sens de l'orientation. La réponse se trouve peut-être dans notre enfance, et plus particulièrement dans le village ou la ville où l'on a grandi.
Passer son enfance à la campagne, ou du moins en dehors des grandes villes, augmenterait notre faculté à avoir un bon sens de l'orientation, avance une étude réalisée entre autres par le Laboratoire des sciences du numérique de Nantes et pré-publiée sur le serveur biorxiv.
Pour mener cette étude, l'équipe de recherche s'est appuyée sur le jeu vidéo mobile Sea Hero Quest, conçu avec l'Alzheimer's Research UK pour dépister certaines maladies, dont celle d'Alzheimer et des cas de démences.
Sur ce jeu en réalité virtuelle, le joueur ou la joueuse est dans la peau d'un marin à la barre de son navire. Avant de se lancer sur les flots, il faut mémoriser une carte de la mer pour ensuite essayer d'arriver le plus rapidement possible à différents points de contrôle, en suivant un ordre précis.
Les scientifiques ont étudié les données de près de quatre millions de personnes ayant pratiqué ce jeu, âgées de 19 à 70 ans et provenant de trente-huit pays différents. La «performance d'orientation» était définie en mesurant leur efficacité à franchir les différents niveaux d'orientation. Les résultats ont ensuite été croisés avec les données démographiques des sujets, dont leur âge, leur sexe, leur niveau d'éducation et leur lieu de résidence.
Complexité du réseau
L'étude a montré que les joueurs et joueuses ayant grandi en ville ont obtenu des résultats inférieurs en matière de navigation que celles et ceux ayant passé leur enfance loin des métropoles –peu importe le sexe, l'âge ou le niveau d'éducation.
Fait tout aussi intéressant: les résultats varient selon les pays. Les scientifiques ont par exemple remarqué que la différence de capacité d'orientation entre les citadin·es et les personnes vivant en milieu rural était six fois plus importante aux États-Unis qu'en Roumanie.
Tout dépendrait en fait de la topologie des villes du pays où l'on a grandi: l'équipe de recherche a observé un lien entre l'organisation du réseau des villes de chaque pays étudié et le sens de l'orientation de ses habitant·es.
Quand le système de rues d'une ville est complexe et désorganisé, comme en Roumanie, ses résident·es ont un bon sens de l'orientation. A contrario, les personnes qui ont grandi dans des villes quadrillées et très bien organisées, comme New York ou Chicago, sont davantage susceptibles d'avoir un mauvais sens de l'orientation.
Dans des villes où le réseau routier est complexe, le sens de l'orientation des habitant·es est presque similaire à celui de leurs compatriotes ayant grandi dans des zones non urbaines. Pour faire simple, être habitué·e à vivre dans un bazar quotidien augmenterait votre faculté à vous y repérer.