Santé / Monde

Un PDG américain prend 5 ans de prison pour son rôle dans la crise des opiacés

Pour la première fois aux États-Unis, le chef d'une entreprise pharmaceutique est condamné à de la prison ferme pour avoir encouragé la vente d'opiacés dangereux.

Des comprimés contenant du fentanyl. DON EMMERT / AFP
Des comprimés contenant du fentanyl. DON EMMERT / AFP

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Vox

Après un procès qui a duré plus de trois mois, John Kapoor, le PDG de la compagnie pharmaceutique Insys a été condamné à cinq ans et demi de prison pour corruption. Les procureurs fédéraux américains ont prouvé que Kapoor et ses associés avaient utilisé de nombreux moyens illégaux pour encourager les ventes de Subsys, un spray au fentanyl lié à plus de 900 décès par overdose

Pendant des années, Kapoor et les cadres d'Insys avaient en effet payé des pots-de-vin à des docteurs pour qu'ils prescrivent leurs opiacés à des patients souffrant de douleurs mineures. Or le spray était officiellement approuvé uniquement pour les malades de cancer souffrant de douleurs aiguës. Les représentants d'Insys mentaient ensuite aux compagnies d'assurance médicales - expliquant que tel patient était atteint de cancer alors que c'était faux -  afin qu'elles remboursent ce médicament coûteux.

C'est ainsi que des patients non atteints de cancer ont reçu des prescriptions pour un spray antidouleur cinquante fois plus puissant que l'héroïne. Beaucoup sont ensuite devenus accros et ont fait des overdoses fatales. 

Ce n'est pas la première fois qu'une compagnie productrice d'opiacés est condamnée au pénal aux États-Unis, mais jusqu'ici les peines s'étaient limitées à des amendes et des travaux d'intérêt public. Le cas Insys marque donc un tournant important: outre l'ancien PDG, plusieurs autres cadres et employés d'Insys ont été condamnés à des peines allant de un à trois ans de prison

Ces peines ont été saluées par les défenseurs d'une plus stricte régulation des ventes d'opiacés.

«Il s'agit d'un avertissement important pour les entreprises et PDG de l'industrie pharmaceutique qui envisageaient de promouvoir leurs produits avec des plans marketing agressifs et potentiellement illégaux» a expliqué Ameet Sarpatwari, un spécialiste de l'industrie pharmaceutique à Harvard.

Pendant le procès, le procureur du Massachusetts a été plus direct:

«Comme nous le faisons pour les dealers de drogue, nous tiendrons les cadres pharmaceutiques responsables d'avoir contribué à l'épidémie des opiacés en distribuant ces médicaments de façon dangereuse et illégale.»

 

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