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Il devient plus complexe de convaincre le peuple américain de la nécessité d'une guerre

Le souvenir de la guerre en Irak est encore très présent et les réseaux sociaux comme Twitter engagent dans le débat des militants anti-guerre qui n'ont pas toujours eu voix au chapitre.

Trump fait un discours sur la situation en Iran, Washington, 8 janvier 2020. | Saul Loeb / AFP
Trump fait un discours sur la situation en Iran, Washington, 8 janvier 2020. | Saul Loeb / AFP

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Buzzfeed News

Après une semaine de campagne étonnante contre l'Iran, la menace d'une guerre semble s'être éloignée «et comme sur beaucoup de choses dans cette ère politique, personne qui n'était pas déjà convaincu n'a été convaincu», écrit le rédacteur en chef de Buzzfeed, Ben Smith. Même les pro-guerre n'ont pas toujours osé saluer l'assassinat de Qassem Soleimani. 

Pour Ben Smith, Trump n'essayait pas de précipiter le pays dans une guerre, pourtant le refus de cette éventualité a été immédiat. «Il est devenu compliqué, voire impossible, de justifier des actions militaires, et même n'importe quelle action de politique étrangère, de nos jours», insiste le journaliste. Ce changement était déjà en place sous l'ère Obama. 

Le traumatisme de l'Irak 

Interrogé par Buzzfeed, un ancien conseiller en communication du président Obama évoque un allié de taille à la pacification: «L'un des rares côtés positifs des réseaux sociaux est qu'ils auraient rendu la tâche beaucoup plus dure pour le président Bush de nous convaincre d'aller en Irak.» En effet, la guerre en Irak, déclenchée après les attentats du 11-Septembre, a profondément marqué le peuple américain. 

En 2002, l'un des rares groupes de presse à pointer du doigt la faible préparation des services de renseignements américains s'appelait Knight Ridder (aujourd'hui McClatchy). Basé en Californie, il ne possède pas de relais sur la côte est. La puissance des réseaux sociaux est inexistante et l'information n'est pas diffusée ou du moins pas assez vite. Les quelques blogs antimilitaristes à s'opposer à la guerre agissent dans l'ombre. Aujourd'hui, explique Ben Smith, «l'ennemi» est lui-même accessible sur internet, comme en témoignent les nombreuses parutions sur les funérailles du général Soleimani. 

Un autre conseiller d'Obama, à la sécurité cette fois, revient sur la décision du président en 2013 de retarder ses interventions en Syrie: «On se faisait matraquer par Washington sur le fait de ne pas y aller, et c'était l'idée qui prévalait à la télévision et parmi les experts mais ça n'avait pas d'importance pour l'opinion publique, qui ne voulait rien avoir à faire avec une guerre en Syrie.» Après avoir mené une campagne sur le fait de ne pas entamer de nouvelle guerre, comme Donald Trump, il était quasiment impossible pour le président de changer d'avis, et ce malgré le franchissement d'une «ligne rouge» –le gouvernement syrien utilisait des armes chimiques contre son peuple– et la pression du Parlement.

Ben Smith le rappelle, Trump peut très bien décider de faire la guerre sans le consensus de la population, mais le journaliste insiste sur la difficulté d'obtenir ce consensus. «L'échec de Trump à persuader la population de l'urgence d'attaquer l'Iran –ou même d'une toute autre urgence– est un rappel de la raison pour laquelle les autocrates ont tendance à couper les réseaux sociaux. Le chaos de Twitter est une source de division politique, certes, mais il reste un endroit intéressant pour démolir les arguments fallacieux.»

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