Société / Économie

Les villes sans voiture ne seront bientôt plus une utopie

Interdire les automobiles en centre-ville, c'est reprendre tout l'espace occupé par les routes et le stationnement.

À quoi ressembleront les villes de demain, lorsque les voitures auront disparu? | Jacek Dylag <a href="https://unsplash.com/photos/SPpsFbCaN2A">via Unsplash</a>
À quoi ressembleront les villes de demain, lorsque les voitures auront disparu? | Jacek Dylag via Unsplash

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur BBC

Depuis plus d'un siècle, la voiture a envahi l'espace public, au point que les villes se sont longtemps développées autour de ce moyen de locomotion. L'automobile a certes révolutionné la mobilité individuelle, mais elle est aussi une source majeure de pollution et la cause de nombreux accidents.

Plusieurs municipalités essaient désormais de diminuer son emprise. Oslo en Norvège et Madrid en Espagne ont fait parler d'elles lorsqu'elles ont annoncé vouloir interdire les voitures dans leur centre-ville. D'autres collectivités ont mis en place différentes stratégies pour réduire le nombre de véhicules: redevance à payer dans certains quartiers de Londres, interdiction de circuler en fonction des numéros figurant sur la plaque d'immatriculation à Mexico et à São Paulo ou encore zones à trafic limité en Italie.

Hanna Marcussen, adjointe du maire d'Oslo chargée du développement humain, explique pourquoi la voiture n'est plus désirée: «Pour nous, la rue doit être l'endroit où l'on rencontre des gens, où l'on mange dans des restaurants en plein air, où les enfants jouent et où l'art est exposé.»

L'initiative semble fonctionner dans la capitale norvégienne, où la pollution de l'air a baissé en même temps que la part des déplacements en voiture, passée de 35% en 2009 à 27% en 2018.

D'une pierre deux coups

Dire adieu à l'automobile a des effets bénéfiques sur la vie et la santé des citadin⋅es. Mais JH Crawford, le gourou de la ville sans voiture, va encore plus loin en affirmant que supprimer les véhicules des villes, c'est également régler la crise du logement qui frappe les États-Unis.

En s'appuyant sur l'exemple de Dallas et Houston, où jusqu'à 70% des espaces urbains sont consacrés au stationnement, Crawford assure que «la crise du logement d'aujourd'hui découle d'un manque de terres. Débarrassez-vous des voitures et le problème est résolu immédiatement».

Hugh Bladen, de l'Alliance des conducteurs britanniques, n'est pas de cet avis: «Le moyen le plus rapide de faire mourir un centre-ville est d'empêcher les gens d'y entrer.» Avec des restrictions de circulation, ajoute-t-il, «les centres-villes se remplissent de drogués et de gens ivres». Selon lui, il suffirait de repenser les modalités de stationnement pour désengorger certaines voies.

Aux yeux de Ransford Acheampong, chercheur en urbanisme à l'université de Manchester, la solution est plutôt à chercher du côté des transports en commun, qui doivent constituer une alternative fiable pour les personnes renonçant à leur voiture.

De toute manière, si l'on en croit Chris Drew, du cabinet d'architectes américain SmithGill, les voitures seront inutiles dans les villes du futur: les enfants iront à l'école à pied, la population active se trouvera à proximité de son lieu de travail, les transports publics ne seront jamais à plus de cinq minutes de marche.

Dans les villes d'aujourd'hui, les gens commencent à s'habituer à l'idée de ne plus avoir de voiture. L'idée de propriété privée est d'ailleurs moins alléchante aux yeux des jeunes, remarque Acheampong. Et pourquoi les vieilles cités européennes, qui ont fonctionné pendant des siècles sans automobile, ne pourraient-elles pas recommencer à le faire?

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