Santé

«Lorsque je lui demande du plus sérieux, c'est silence radio»

[C'est compliqué] Cette semaine, Lucile conseille Alicia, qui aimerait que ce qui fut une relation extra-conjugale se transforme en quelque chose de plus solide.

<em>«Alors que je n'étais pas libre, il se comportait comme un prince.»</em> | Nicolas Alejandro <a href="https://www.flickr.com/photos/nalejandro/14147064714/in/photolist-ny8psS-n1gP3U-aRzN8e-kNchso-9idQUw-nnvd8p-MSUYze-hdUQdp-riZJjY-bX6PKD-fEubYs-fJCqct-m36jxU-pLbLAx-dKe8qY-nxvFRg-j6eKMU-6NUeRA-dmRqyp-jF9d6d-nmS1sF-sasXwh-nBrV1R-j4NScA-pnaVgc-jKURtP-85nnJn-m9xxyq-iUswxX-9fMkrw-m4EZqv-bbUydT-nAiooR-nqnAsH-dkHCLN-jfVoA1-jXohiB-q7mfNi-jJiuBT-muzX3f-9MSXfd-iT5C3Y-m1fHii-7dM3Ee-b8fDw6-hpiDGX-cmCa6o-ijCJaD-byfCkk-nqnWaf">via Flickr CC</a>
«Alors que je n'étais pas libre, il se comportait comme un prince.» | Nicolas Alejandro via Flickr CC

Temps de lecture: 3 minutes

«C'est compliqué» est une sorte de courrier du cœur moderne dans lequel vous racontez vos histoires –dans toute leur complexité– et où une chroniqueuse vous répond. Cette chroniqueuse, c'est Lucile Bellan. Elle est journaliste: ni psy, ni médecin, ni gourou. Elle avait simplement envie de parler de vos problèmes. Si vous voulez lui envoyer vos histoires, vous pouvez écrire à cette adresse: [email protected].

Vous pouvez aussi laisser votre message sur notre boîte vocale en appelant au 07 61 76 74 01 ou par Whatsapp au même numéro. Lucile vous répondra prochainement dans «C'est compliqué, le podcast», dont vous pouvez retrouver les épisodes ici.

Et pour retrouver les chroniques précédentes, c'est par là.

Chère Lucile,

Cela fait trois mois que je suis séparée du père de ma fille. Ce fut une relation compliquée et deux mois avant la fin de celle-ci, j'ai eu une aventure avec un collègue de travail âgé de vingt-deux ans de plus que moi.

On se connaît depuis bientôt six ans, et on s'est rapprochés physiquement sans jamais passer à l'acte (Monsieur «en avait envie mais ne voulait pas»). Puis j'ai rencontré le père de ma fille et nous sommes restés bons amis.

Connaissant ma relation tumultueuse avec mon compagnon, H., mon collègue, me faisait régulièrement des avances que je repoussais sans cesse. J'ai fini par craquer et je me suis attachée à H.

Mais il m'a lui aussi quittée au moment de ma séparation d'avec mon compagnon, car il ne voulait pas «n'être qu'un épisode dans notre histoire».

Depuis, on «joue». Il m'envoie des messages parlant ouvertement de sexe et autres, parfois c'est moi. On s'est revus le mois dernier, une seule fois, et on a joué à «touche-pipi».

Le problème est que lorsque je lui demande du plus sérieux (il y en a eu pendant notre aventure, donc il sait faire), c'est silence radio! Du coup, je ne comprends plus rien. Alors que je n'étais pas libre, il se comportait comme un prince; maintenant que je le suis, je ne comprends pas pourquoi cette distance.

Pouvez-vous m'aider à y voir plus clair? Quel comportement dois-je adopter envers lui? En sachant que j'espère de tout mon cœur qu'on puisse construire une relation sérieuse et durable ensemble.

Merci.

Alicia

Chère Alicia,

Pourquoi était-il plus facile pour cet homme de vous courtiser quand vous étiez en couple? J'imagine que c'est simple: en couple, vous n'étiez pas une menace pour sa vie. Il n'avait pas à imaginer que vous puissiez vous installer chez lui ou que vos ébats se ternissent dans le quotidien. Il n'était pas obligé de prendre sur ses épaules la responsabilité du soutien à l'autre, puisque c'est un autre qui s'en occupait.

Quand j'étais enceinte de mon premier enfant, j'ai été étonnée de me faire beaucoup plus draguer dans la rue. Il faut m'imaginer avec mon gros ventre de six mois de grossesse, rougeaude à cause de l'effort et des nombreuses couches de vêtements pour affronter l'hiver. Et je me faisais siffler, à chaque fois que je mettais le nez dehors.

Un jour, j'en ai eu assez de ne pas comprendre l'attrait et je suis allée confronter l'un de ces siffleurs. Le type a d'abord cru que je répondais à son approche, je l'ai vu à son air vainqueur, mais il a vite compris que je n'avais pas apprécié le geste. Je le remercie par contre d'avoir expliqué simplement pourquoi j'étais devenue une telle source de convoitise dans mon quartier: visiblement très enceinte, je ne pouvais plus porter leur progéniture et j'étais donc un plan idéal pour du sexe non protégé.

C'est à cette histoire que j'ai pensé en lisant la vôtre. En couple, et même en couple malheureux, vous êtes attrayante pour le genre d'homme qui ne veut pas s'engager. Vous êtes réceptive à la passion que vous n'avez plus chez vous. Il est tellement facile de se donner le beau rôle, celui du «prince».

Aujourd'hui, cet homme est confronté à un choix qu'il n'avait pas prévu de faire. Est-ce que vous aurez les arguments pour le pousser à s'engager? Vous ne le saurez que si vous avez une discussion simple et sincère avec lui.

Valorisez ce qui semble être une vertu cardinale chez lui: sa liberté. Après tout, c'est bien grâce à sa liberté que vous avez commencé à développer des sentiments pour lui. Il ne doit pas voir la relation que vous proposez comme une façon de s'enfermer.

Pour autant, vous devez avoir vous aussi envie de l'arrangement que vous allez proposer: il ne suffit pas d'entendre ses conditions, mais bien d'assumer les vôtres. Vous sortez à peine de l'échec d'une relation, ne vous jetez pas dans une histoire qui vous fera souffrir. Vous avez besoin de patience, de compréhension et de respect.

Cela ne veut pas dire qu'une histoire avec ce collègue est impossible, simplement qu'il faudra que les conditions soient réunies pour qu'elle commence sur les meilleures bases –et d'abord votre envie partagée de vous engager l'un envers l'autre, quel que soit le type de relation que vous choisirez.

«C'est compliqué», c'est aussi un podcast. Retrouvez tous les épisodes:

cover
-
/
cover

Liste de lecture