Santé / Monde

La dépression n'épargne pas la Finlande, le pays le plus heureux du monde

Être en tête de ce classement mondial représente un vrai défi pour les jeunes Finlandais·es souffrant de dépression.

En 1990, la Finlande enregistrait le deuxième taux de suicide le plus élevé du monde. | Cherry Laithang <a href="https://unsplash.com/photos/NmPpz1jA_JE">via Unsplash</a>
En 1990, la Finlande enregistrait le deuxième taux de suicide le plus élevé du monde. | Cherry Laithang via Unsplash

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur BBC

Les 5,5 millions d'habitant·es de la Finlande sont historiquement stéréotypé·es comme étant suicidaires et taciturnes, notamment à cause des longs hivers obscurs. La population a pourtant été élue la plus heureuse du monde par l'ONU pour la deuxième année consécutive, alors que ce n'est pas le pays qui positive le plus. Néanmoins, la Finlande rassemble la plupart des critères qui influencent généralement le bien-être subjectif dans le monde.

«Tout allait bien, mais... on a presque l'impression de ne pas avoir le droit d'être déprimé quand on vit dans un pays comme la Finlande où le niveau de vie est si élevé», explique Kirsi-Marja Moberg, 34 ans, qui a reçu son premier diagnostic de dépression à l'adolescence. «Vous avez vraiment l'impression que vous devriez simplement vous amuser et profiter de toutes les possibilités que vous avez quand vous êtes encore jeune. La société peut vraiment vous donner ce genre d'image.» Selon nombre d'expert·es, les Finlandais·es ont des difficultés à reconnaître, admettre et faire soigner les symptômes dépressifs à cause de la pression du classement du pays et des tabous persistants sur la santé mentale.

Prise de conscience nationale

En 1990, la Finlande enregistrait le deuxième taux de suicide le plus élevé au monde. Le nombre de suicides, à tout âge, a depuis diminué de moitié, mais demeure bien au-dessus de la moyenne européenne. Il reste que près de 16% des femmes finlandaises âgées de 18 à 23 ans et 11% des jeunes hommes se définissent comme «en difficulté» ou «souffrant» dans la vie, selon un rapport publié en 2018 par le Conseil nordique des ministres et l'Institut de recherche sur le bonheur de Copenhague.

Une précédente étude, publiée en 2017 pour le Nordic Centre for Welfare and Social Issues, a souligné le lien entre l'abus de substances telles que la drogue ou l'alcool, qui jouent sur l'état dépressif, et une mauvaise santé mentale. La consommation de drogues a également augmenté chez les personnes âgées de 25 à 34 ans.

Autre facteur dépressif: bien que les taux de chômage à l'échelle nationale soient faibles, ils sont particulièrement élevés chez les jeunes. «Même si nous sommes le pays le plus heureux du monde selon les statistiques, cela ne dit pas tout car la dépression est une maladie qui n'est pas toujours liée aux circonstances», affirme Jonne Juntura, jeune médecin de 27 ans qui a souffert de dépression pendant six mois.

Plusieurs expert·es en santé mentale affirment que le poids des tabous autour de la dépression et de l'anxiété a diminué en Finlande, notamment depuis la campagne nationale de prévention contre le suicide. D'après Jonne Juntura, «les gens commencent lentement à comprendre à quel point la santé mentale est un problème de société important. Il y a encore beaucoup à faire... Mais je suis vraiment optimiste».

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