Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Mic
On peut tout interpréter, voire surinterpréter: le choix d'un emoji, la présence ou l'absence d'un point en fin de phrase, le type de vocabulaire choisi. Mais au fond, comment avoir la certitude que la personne qui vous fait rougir (voire plus) et avec qui vous êtes en train d'échanger est également en train de vous tourner autour?
Le site Mic s'est intéressé à l'appli Mei, déjà disponible sur Android et actuellement en précommande sur iOS. Une fois votre feu vert accordé, Mei lit les échanges SMS que vous avez pu avoir avec l'objet de votre affection, analyse le contenu de chaque message, puis vous annonce la probabilité que cette personne soit également intéressée par vous (au sens plus qu'amical du terme).
Mei n'a pas été conçu comme un gadget, mais comme une appli tout à fait sérieuse: c'est le fruit de trois années d'un travail acharné mené par le fondateur Es Lee et ses partenaires. Pour rendre Mei aussi performante que possible, l'équipe a analysé des millions de conversations et les a fait «digérer» à l'intelligence artificielle de l'application, afin qu'elle trie le plus efficacement possible les échanges sans arrière-pensées et les vraies parades amoureuses.
Es Lee compare l'intelligence artificielle à une barmaid très expérimentée qui, en dressant juste l'oreille, sait immédiatement détecter si une conversation est chargée de sous-entendus ou si elle est parfaitement désintéressée. Oui, une barmaid et pas un barman, car Mei est clairement genrée comme une femme.
Les fonctionnalités de l'appli ne s'arrêtent pas à l'annonce d'un pourcentage de probabilités: Mei est aussi capable de vous donner des conseils afin de ne pas en rester au stade des non-dits. Elle détecte notamment les différences entre vous et votre interlocuteur ou interlocutrice, et propose des suggestions permettant de mieux s'adapter à l'autre personne (sans pour autant tricher sur sa propre personnalité).
Es Lee a tout à fait conscience que ce genre d'appli peut faire froid dans le dos et que, pour faire dans le lieu commun, tout ceci a un petit côté Black Mirror pouvant légitimement rebuter. «Il y a clairement un côté flippant, mais la réalité, c'est que de toute façon, on a déjà tendance à suranalyser les messages que l'on reçoit. Nous ne faisons que faciliter les choses, rien de plus.»
Facilitateur de rencontres
L'article de Mic rappelle que différents travaux de scientifiques et sociologues ont récemment montré que l'utilisation excessive des SMS ou de Whatsapp a un impact négatif. Elle laisse de côté le langage corporel et les inflexions de la voix, pouvant notamment créer des malentendus et des incompréhensions. Dans le cadre d'une relation amoureuse, l'envoi massif de messages relèverait d'un manque total de confiance et d'un besoin permanent d'être rassuré·e par l'autre. Et tout cela participe évidemment à renforcer notre dépendance vis-à-vis de notre téléphone.
Es Lee tient à relativiser: «Parmi mes proches, je n'ai jamais entendu personne me dire "Oh, j'aime beaucoup cette personne, j'aimerais tant que notre relation reste virtuelle». Autrement dit, l'échange de messages est (presque) toujours destiné à favoriser une rencontre, que celle-ci survienne rapidement ou bien plus tard.
Les revenus de Mei sont générés grâce aux paiements des utilisateurs et utilisatrices, qui doivent sortir la carte bancaire afin de pouvoir accéder à toutes les conclusions tirées par l'application. Lee revendique son refus de céder la moindre donnée personnelle à des tiers. «Vos données vous appartiennent, on veut juste vous aider à en tirer le meilleur», affirme le créateur de Mei, qu'on aurait du mal à imaginer déclarer le contraire.
Pour Lee, le prochain objectif est de collaborer avec certaines applis de rencontre afin de déterminer ensemble des pourcentages de compatibilité sur la base des échanges ayant déjà eu lieu. Pour que son application rencontre le succès escompté, il lui faudra aussi tenter de résoudre le problème lié à l'iPhone. La politique d'utilisation d'Apple empêchant actuellement Mei d'utiliser les SMS et iMessages envoyés via les téléphones à pomme, seuls les échanges réalisés via Whatsapp sont pour l'instant susceptibles d'être analysés.