Égalités / Culture

La bande dessinée, une échappatoire à la honte pour beaucoup de femmes

Se dessiner soi-même, c'est peut-être déjà s'accepter.

<em>«Ce personnage ne me ressemble pas, mais d'une certaine façon, c'est une impression de moi.»</em> | Rawpixel <a href="https://pixabay.com/fr/photos/papier-d-affaires-personnes-art-3246119/">via Pixabay</a>
«Ce personnage ne me ressemble pas, mais d'une certaine façon, c'est une impression de moi.» | Rawpixel via Pixabay

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Guardian

Personne ne peut échapper à son corps: on se projette sur le monde à travers lui, et il est souvent la première chose que l'on soumet au regard des autres. Certain·es l'assument, d'autres le rejettent.

Généralement, la honte est associée au physique ou au désir –surtout celle des femmes. Comme l'écrit Erin Williams dans sa bande dessinée Commute: An Illustrated Memoir of Female Shame, elle est «un instrument d'oppression».

Pour s'en détacher, des femmes décident de se représenter en dessin, de manière parfois réaliste, parfois caricaturale. La bande dessinée est un médium de prédilection pour parler de son corps. «Ce personnage ne me ressemble pas, mais d'une certaine façon, c'est une impression de moi», déclarait la dessinatrice Allie Brosh, connue pour son album et webcomic Hyperbole and a Half, dans une interview accordée à NPR en 2013.

La critique Tahneer Oksman déplore que la honte mène parfois à «une forme d'auto-isolement», où l'on apprend aux femmes à garder leurs sentiments pour elles afin d'éviter la honte supplémentaire liée au fait de les partager.

Mais si la honte est bien un vecteur d'oppression, puiser dans ses expériences quotidiennes d'humiliation et les partager peut devenir un véritable exercice de libération.

Illustrer sa réalité

Dessiner des corps ancrés dans des contextes différents permet d'évoquer la femme à travers ce qu'elle est, et non ce que la société en a fait.

Dans des histoires personnelles ou non, réelles ou inventées, les autrices abordent la vie des femmes, leur quotidien, leurs peurs, leurs joies. La BD a cet avantage: des dialogues simples, bruts, qui peuvent parfois heurter mais portent un message clair et facilement compréhensible.

La sexualité avec Cher Corps de Léa Bordier, l'avortement avec Il fallait que je vous le dise d'Aude Mermilliod, les sextoys ou la dilatation des pores avec Maléfiques de Nine Antico, mais aussi le harcèlement, la société patriarcale ou le clitoris sont autant de sujets merveilleusement traités en bande dessinée.

Bien plus qu'une vision militante, ce support aura permis à de nombreuses illustratrices de se confronter à la vision de leur propre corps tout en dénonçant le regard porté sur lui par la société.

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