Société / Économie

En traversant la rue, vous trouverez des jobs en or

La ville de Lyon a été choisie pour accueillir en 2023 la 47e édition des Olympiades des métiers: une excellente occasion de revaloriser des professions manuelles injustement délaissées.

Un apprenti plombier aux Olympiades nationales des métiers, le 6 février 2009 à Lille. | Philippe Huguen / AFP
Un apprenti plombier aux Olympiades nationales des métiers, le 6 février 2009 à Lille. | Philippe Huguen / AFP

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Il faudrait, dans la presse aujourd'hui boursouflée de futilités et enfermée dans des débats creux, prévenir quand on publie une info importante, un papier sur des choses sérieuses, une analyse articulée de politique publique.

«Ceci n'est pas une anecdote»: il faudrait faire clignoter l'avertissement sur l'écran, en haut, en rouge. Et pas en vert, please, puisque la couleur est désormais dévoyée par des desiderata écolo-dingos –comme de se battre sur le CO2 émis par le voyage de sainte Greta à New-York.

Voilà qui mérite que votre lecture se prolonge un peu: la France va organiser les Olympiades des métiers en 2023, à Lyon.

De bons et beaux boulots

La compétition est à l'échelle mondiale l'équivalent du concours des Meilleurs Ouvriers de France: 1.500 «athlètes» de quatre-vingts pays, les plus habiles, y représenteront une trentaine de métiers. Elle est surtout une occasion en or, argent et bronze de donner toute leur valeur aux professions manuelles comme la chaudronnerie, l'ébénisterie, le fraisage ou la pâtisserie, qui manquent cruellement de main d'œuvre et qui devraient attirer des jeunes plein de talent et d'envie.

Emmanuel Macron a dit qu'il suffisait de traverser la rue pour trouver du travail, ce qui lui a valu des avalanches de critiques parce qu'il y a, de l'autre côté de la rue, surtout du chômage, parce que les postes éventuellement offerts sont des petits jobs nuls, parce que, au fond, c'était bien la preuve qu'il ne savait rien de la difficulté quotidienne réelle des gens d'en bas. Le président avait en réalité raison. Il voulait redonner confiance à la population française et briser le défaitisme régnant dans la lutte contre le sous-emploi.

La victoire de la France pour accueillir ces Olympiades des métiers à Lyon dit la même chose: le futur n'est pas à la déqualification forcée de tout le monde à l'exception de l'élite, non! Il reste de bons et beaux boulots. Dans tous les secteurs, on peut être fièr·e de ce que l'on fait et bien gagner sa vie.

La compétition WorldSkills est la vitrine des meilleur·es de leur profession sur la planète. L'organisation par la France dans quatre ans va mettre le pays au défi de prouver au monde qu'il conserve ces savoir-faire magnifiques qui ont fait Notre-Dame, Versailles et la tour Eiffel, qui avaient pour nom Dior et Chanel, De Dion-Bouton et Bugatti, Escoffier et Bocuse, Boulle et Stark… La liste est riche d'histoires et de magnificences.

Charpentier! Il faut redire que c'est le métier choisi par Dieu comme celui de Joseph, le mari de Marie. Miroitier! L'esprit s'envole vers la galerie des Glaces. Imprimeur! Le parfait rendu des couleurs d'un tableau sur un beau livre vaut des heures de fierté. Soudeur! Les étincelles fusent comme des feux d'artifice. Joaillier! Autre éclat, celui des pierres rares.

Tout cela est encore possible aujourd'hui. Traverser la rue, entrer à l'atelier, à la cuisine, à l'usine: le monde du travail est enchanteur pour qui veut se donner de la peine et utiliser l'or dans ses mains.

Espoir pour l'apprentissage

Il existe une équipe de France d'une quarantaine de champion·nes, issue d'un processus de sélection de jeunes de moins de 23 ans par régions, puis au niveau national. Du 22 au 27 août, elle est à Kazan en Russie pour défendre le coq tricolore.

Dans chaque discipline, il s'agit d'accomplir un exercice bien défini. Par exemple, en joaillerie, «réaliser une pièce en argent constituant les éléments d'un bijou en suivant un croquis technique. [Les concurrent·es] procèdent par enlèvement de matière par le limage, le perçage, l'ajourage ainsi que le fraisage et le sciage, puis assemblent par rivetage ou brasage aux chalumeaux». Du grand art! Le vocabulaire dit la précision et la difficulté.

En 2023, Lyon accueillera donc la 47e édition des WorldSkills. Emmanuel Macron s'en est félicité; il avait reçu les responsables à l'Élysée et a envoyé sa ministre Muriel Pénicaud à Kazan. La victoire est pour lui significative de la réforme de l'apprentissage menée en 2018 par son gouvernement.

Les premiers effectifs sortiront en 2020, et c'est à cette date qu'il sera possible de réduire le fossé entre les besoins de main d'œuvre dont souffrent de nombreux secteurs et la demande des jeunes de trouver non seulement un travail, mais un bon travail. Les structures de formation observent, dit-on, que les jeunes s'orientent plus volontiers vers la technique.

Si gagner la Coupe du monde emplit les stades de foot, gagner les JO des métiers devrait emplir les stages de formation –plus modestement, on en convient, mais avec beaucoup plus de chances de remporter la compétition.

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