Culture

Les 10 meilleurs albums des années 1990 à écouter pour finir les vacances

Le week-end du 15 août est déjà derrière nous, mais ces opus accompagneront vos voyages jusqu'à la fin de l'automne.

Des albums contemplatifs et hypnotiques pour chiller et resortir les perles qui ont bercé la décennie. | Pixelheart <a href="https://pixabay.com/fr/photos/casque-d-%C3%A9coute-audio-noir-chansons-424163/">via Pixabay</a>
Des albums contemplatifs et hypnotiques pour chiller et resortir les perles qui ont bercé la décennie. | Pixelheart via Pixabay

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L'été et les vacances ont le don de réveiller les sons qui prennent leur vraie mesure sous le soleil et la chaleur de la plage. On vit davantage dehors et la musique accompagne cette villégiature. Les titres que l'on aime écouter à la mer ne sont pas forcément dirigés vers les clubs. D'ailleurs LE titre le plus emblématique de l'été depuis 1987 reste un classique urbain.

Un genre est né à la fin des années 1980 sur ce secteur géographique particulier: le Balearic beat, cette dance music influencée par Ibiza et Rimini, les stations balnéaires méditerranéennes qui ont attiré les adeptes européen·nes du clubbing vers les plages. L'Espagne et l'Italie ont produit des hits mielleux et parfois cheesy qui ont attiré des millions de kids bourrés vers des plages qui n'en demandaient pas tant. Alors que la techno de Detroit se voulait froide, celle du sud de l'Europe répondait à la fusion des couleurs du coucher de soleil, entre rock indépendant, vieux classiques de rare groove ou de reggae et, bien sûr, cette house solaire, joyeuse, souvent lente qui était jouée sur la plage du Café Del Mar à Ibiza.

Car si l'ambient est né à la fin des années 1980 avec The Orb, Aphex Twin et KLF, c'est au début des années 1990 que se développent plusieurs mouvements de musique d'ambiance comme le trip hop et, plus tard, l'easy listening qui ont été piratés par un nombre incalculable de compilations prétendument branchées comme celles de l'Hôtel Costes. L'espoir de changement de société du début de la house laisse alors place à une sorte de résignation mélancolique avant le compte à rebours du passage au nouveau siècle. La commercialisation de la musique devient abusive, mais les labels indépendants gardent une optique sincère et musicale en dirigeant les clubbers vers un endroit où le maître-mot est le chill-out.

1. «Music Has The Right To Children» (Boards of Canada)

Le label Warp, de Sheffield, qui avait popularisé les bleeps une décennie plus tôt, fut le creuset de ce que l'on appela l'Intelligent techno, mais le premier album de Boards of Canada (1998) s'inscrit surtout dans le prolongement de Massive Attack. Cet album est juste parfait quand on rentre de la plage et qu'on a envie d'une musique douce, presque mélancolique, qui s'accorde bien avec la discussion des ami·es ou avec la lecture dans le jardin. Ce disque est une cure de désintoxication du bruit accumulé pendant l'année et dirige vers une ambiance de calme adulte. Vingt ans plus tard, cet album n'a pas vieilli et représente toujours un moment privilégié de classe musicale et d'équilibre intérieur.

 

2. «Back To Mine» (Nick Warren)

Le design de la pochette est parfait, avec le DJ Nick Warren posant de face sur un fauteuil dans un bois dont le sol est recouvert de feuilles mortes. Cette compilation (DMC, 1998) mixée est l'une des plus belles que je connaisse dans le genre trip hop instrumental, rassemblant des hits de Coldcut, Moby ou Craig Amstrong. Il y a quelque chose dans la gentillesse de ce CD qui attire l'attention et qui, inévitablement, incite l'entourage à demander: «Mais c'est quoi ce disque?». C'est une longue excursion de titres midtempo et plus lents qui nécessitent le plein air, la terrasse au crépuscule, l'apéro et les joints. Universel.

3. Smoker's Delight (Nightmares on Wax)

Un album (Warp, 1995) de trip hop classique, que tout le monde devrait avoir, popularisé grâce à son titre d'intro, «Nights Introlude», qui a été repris par un grand nombre de compilations, des meilleures aux pires. Le disque est juste parfait, mélodique et trippy (beaucoup de références aux joints) qui allie de grands arrangements de violons à la Massive Attack aux beats de Bristol. Là aussi, c'est un album idéal pour un barbecue calme, un disque à partager qui ancre dans l'air une ambiance fruitée, presque tropicale.

 

4. «Original Soundtrack Album» (Waiting To Exhale)

Les disques d'été accordent une grande place aux ballades R'n'B, surtout quand elles sont composées et produites par Kenneth «Babyface» Edmonds, qui signe ici l'intégralité de la BO (Arista, 1995) du film du même nom. Seize titres au total, tous impeccables, avec quatre chansons pour Whitney Houston avant qu'elle n'enchaîne les catastrophes que l'on sait et des compositions faites sur-mesure pour Toni Braxton («Let It Flow»), Chanté Moore («Wey U») ou Brandy («Sittin' Up In My Room»). Imaginez un barbecue entre filles ou entre garçons sensibles et vous avez une ambiance sexy et décontractée pour toute la soirée. Un classique d'il y a vingt-cinq ans et des artistes au sommet de leurs carrières.

5. «Vulnerable» (Marvin Gaye)

Tout aussi sentimental, cet album caché (Motown, 1997) de Marvin Gaye dévoile une période peu connue du grand artiste soul, avec des arrangements symphoniques à la Ray Charles ou Frank Sinatra. «De tous mes albums, c'est celui que je préfère», disait l'artiste de cette rareté, dont l'origine remonte à 1963 et qui ne sera commercialisé qu'en 1997, treize ans après sa mort. Vous voulez impressionner votre entourage? Sortez ce disque parfait pour une descente en rentrant de club ou de bars, un moyen catégorique pour calmer l'ambiance. Le disque le plus humain de cette sélection.

 

 

6. «A collection of Pork Recordings» (A Taste Of Pork)

Pork était un petit label de Hull, en Angleterre, qui a sorti un nombre conséquent de disques aux pochettes irrésistibles (Filla Brazillia, Heights of Abraham), et qui a bien reflété la production underground du milieu des années 1990. Cette compilation (Island, 1995) a vingt-cinq ans et je continue de balancer ce disque quand je ne sais pas quoi mettre, ça fonctionne toujours. Les discussions commencent naturellement sur ce matelas de groove vivifiant, avec deux ou trois titres lents très hypnotiques comme «Eva» (Instrumental). Bien sûr, encore un disque pour qui aime se droguer.

7. «Freezone, vol.1»

Impossible d'oublier le premier volume de la série Freezone avec son sous-titre évocateur, The Phenomenology of Ambiant. Un double CD (SSR–Crammed Discs, 1994), sous la direction de DJ Morpheus, qui a eu beaucoup de succès à l'époque et qui atteste de la curiosité musicale du moment, avant le tournant commercial qui sera imposé par la French Touch et ses filtres, le début de l'auto-tune qui va envahir la pop à travers le monde. Le milieu des années 1990 est le dernier moment de sincérité dans la house, 1995 étant son sommet avec une réelle envie de voir fusionner tous les genres les plus novateurs comme l'ambient, la techno minimale allemande et le drum and bass britannique. Énormément de gentillesse dans cette compilation où figurent plusieurs artistes français comme Orange (Shazz), Air, et... Deep Forest.

8. «Volumen Cinco» (Cafe Del Mar)

La franchise Cafe Del Mar est devenue hors de contrôle avec trop de compilations sorties, mais les premiers exemplaires faisaient à l'époque partie des CD (oui, des vrais objets) qu'il fallait mettre dans son sac avant de partir au soleil. José Padilla devient DJ résident du Cafe Del Mar d'Ibiza en 1991 et invente tout de suite un style qui a été reproduit à travers le monde. Padilla célèbre dix ans plus tard le début de la house et évoque un monde oublié, déjà perdu. Le cinquième volume (Mercury, 1998) commence par une merveilleuse intro indoue et presque arabisante d'Allah Rakha Rahman, «Mumbai Theme Tune». Le reste est juste parfait, il suffit de se laisser aller sur la chaise longue et sourire.

 

 

9. «Maurizio» (Maurizio)

Impossible d'oublier Mauritz von Oswald dans cette liste de disques d'été, même si son style est plutôt à situer dans la pénombre des clubs berlinois. Longtemps mystérieux, refusant les interviews et les photos, Maurizio a été le départ de l'immense vague de techno minimale qui subsiste encore de nos jours. Pochettes sans signature, absence de références, Maurizio aura marqué l'histoire de la house et du design, poussant sa production aux limites du conceptuel. Avec cet album éponyme (Maurizio, 1997), attendez-vous à des titres instrumentaux qui hypnotisent à partir d'une évaporation de tout ce qui est superflu tout en épaississant le souffle, les échos, tout ce qui vient finalement du dub. À jouer plutôt fort ou alors comme un fond sonore pneumatique et sexy.

10. «Gobi. The Desert» (Monolake)

Aurais-je assez radoté sur ce classique? Pour moi, c'est tout simplement le plus beau disque de cette période, préfigurant la collaboration entre Tikiman et Rhythm & Sound. Quelques mois avant l'an 2000, ce disque était le sommet musical que j'attendais depuis l'adolescence, entre Klaus Schulze, Kraftwerk et Tangerine Dream, mais encore plus organique et moderne. Incroyablement berlinois, Gobi. The Desert (Monolake, 1999) n'est qu'un long titre de trente-six minutes, le fond idéal pour toute discussion dans la nature.

C'est une ode spatiale pour biologiste avec les sons concrets du désert, la vibration de la chaleur qui se dissipe avec la pénombre, un monde mystérieux de bleeps en écho et d'infrabasses, le disque qui capture les coins les plus isolés de la planète dans une célébration grave, pénétrante, avec une véritable amplitude panoramique. Un morceau qui évoque le feu, le vent, les insectes et l'espace interstellaire.

 

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