Aux États-Unis, trouver une solution de garde pour ses enfants est un véritable parcours du combattant. Ce pays, pourtant considéré comme l'un des plus développés au monde, s'est toujours montré réticent à l'égard des crèches publiques.
Cette lacune au niveau du service empêche certaines femmes de trouver un emploi en les obligeant à rester à la maison pour s'occuper de leurs enfants. Un phénomène bien connu que nombre de sociologues ont tenté d'analyser.
Disparités entre États
Leah Ruppanner, sociologue à l'unversité de Melbourne, est l'autrice d'une étude publiée dans la revue Socius qui révèle que dans les États où les services de garde d'enfants sont plus abordables et où les journées scolaires sont plus longues, plus de mères accèdent à l'emploi.
La Californie, l'Oregon et l'État de Washington, par exemple, ont la plus faible proportion de mères qui travaillent mais aussi les territoires où l'on trouve les garderies les plus coûteuses et où les journées d'école sont les plus courtes. Le Dakota du Nord, le Dakota du Sud et le Nebraska comptent un plus grand nombre de femmes sur le marché du travail, des crèches plus abordables et des journées d'études plus longues.
Alors que de nombreuses études ont montré que le travail des femmes aidait une économie à prospérer et à croître, pourquoi ce pays n'engage-t-il pas des politiques drastiques en faveur des services publics de garde d'enfants?
Devenue un enjeu de la future campagne présidentielle, cette problématique révèle une vision de la femme on ne peut plus traditionnelle.
Femmes au foyer
«Les services de garde d'enfants ne sont pas débattus d'un point de vue économique, explique Leah Ruppanner. Toutes les discussions portent sur le caractère sacré de la maternité, sur la préservation de la famille traditionnelle» et sur un argument moral visant à garder les mères à la maison avec leurs enfants plutôt qu'à favoriser leur accès au marché du travail.
Une étude réalisée par Pew Research Center montre que seulement 18% des Américain·es trouvent préférable que les deux parents travaillent à temps plein. Près de la moitié estime qu'un des deux parents devrait rester à la maison. La femme étant le plus souvent citée comme étant dévolue à ce rôle.
Il en résulte un système divisé, dans lequel les crèches ne sont accessibles qu'aux familles aisées, alors que de nombreuses mères n'ont pas les moyens de travailler, explique Taryn Morrissey, enseignante en politiques publiques à l'American University. «Au lieu d'investir dans un outil dont nous savons qu'il contribuerait à rendre notre société plus égalitaire, dit-elle, nous l'aggravons.»