Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Forbes
«Discrimination, fraude, pratiques commerciales déloyales et trompeuses et restriction illégale de la liberté d’expression»: ce sont les chefs d’accusation portés par un groupe de youtubeur·euses LGBT+ contre la plateforme qui abrite –et restreint– leurs vidéos.
Ces griefs ne sont pas nouveaux, mais c’est la première fois qu’ils font l’objet d’une action en justice: en 2018, YouTube avait décidé de démonétiser les vidéos proposant des contenus sur les questions LGBT+, quels qu’ils soient. Depuis, les algorithmes de la plateforme signalent automatiquement ces vidéos comme «choquantes», «inappropriées», «offensantes» et «sexuellement explicites» –c’était déjà le cas en 2017 pour des vidéos de couples de même sexe échangeant des vœux et des tutoriels de maquillage destinés aux femmes transgenres.
Or qui dit «contenu sensible» dit restriction d’accès: dans la plupart des cas, il faut donc avoir un compte sur YouTube et plus de 18 ans pour visionner ces vidéos, ce qui exclut d’emblée une grande partie de l’audience adolescente.
Censurer les contenus LGBT+
L’action contre YouTube et sa société mère, Google, a été intentée par huit célébrités du YouTube LGBT+ anglophone, Bria Kam et Chrissy Chambers, Chase Ross, Amp Somers de Watts The Safeword, Lindsay Amer de Queer Kid Stuff, et Celso Dulay, Chris Knight et Cameron Stiehl de GlitterBombTV.
Leurs chaînes proposent des contenus en majorité humoristiques, éducatifs ou relatifs à la santé sexuelle, qui sont la plupart du temps les seules fenêtres des jeunes générations sur les questions d’identité sexuelle ou de genre, peu abordées dans les médias mainstream.
Le couple de youtubeuses lesbiennes Bria Kam et Chrissy Chambers expliquent les raisons de leur plainte contre YouTube et Google.
Selon les plaignant·es, cette invisibilisation des sujets LGBT+ sur YouTube permet par revers le développement d’une parole homophobe, qui elle, ne tombe pas sous le coup de la modération de la plateforme. Alors que les vidéastes LGBT+ ne peuvent pas acheter de publicités sur d’autres vidéos, plusieurs cas d’annonces anti-LGBT achetées par d’autres youtubeur·euses ont déjà été repérées au début de leurs propres vidéos, qui donnent lieu à des vagues de harcèlement et de commentaires homophobes.
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L'homophobie reste prospère
Lindsay Amer, qui s’identifie comme non-binaire, raconte qu’après que le site néonazi The Daily Stormer ait mentionné sa chaîne dans un article, un raid homophobe et l’absence de réaction de YouTube l’a poussé·e à devoir désactiver tous les commentaires, ce qui a eu un impact financier direct sur ses revenus, dans la mesure où le taux d’engagement dans la section des commentaires est pris en compte pour mesurer la popularité d’une vidéo. Inévitablement, cela a aussi un impact sur le nombre d’abonnés.
«Le procès consiste à s’assurer que nous ne sommes pas censuré·es en tant que communauté, explique le youtubeur transgenre Chase Ross. J'ai découvert YouTube à 15 ans et cela m'a sauvé la vie. Tous les jours, des gens me disent qu’ils veulent créer une chaîne, mais ils ont peur de voir leur contenu être restreint. »
D’après Ross, une vidéo postée ce mercredi au sujet du procès avait été immédiatement démonétisée, avant d’être remonétisée quelques heures plus tard.