Santé

Quand un diagnostic d'autisme tardif sauve des couples

«Il ne comprenait pas pourquoi je me comportais de la sorte.»

<em> «J'ai fini par réaliser qu'il ne pouvait pas s'empêcher d'être comme il était.» </em>| Svyatoslav Romanov <a href="https://unsplash.com/photos/e7tM07GWBHQ">via Unsplash</a>
 «J'ai fini par réaliser qu'il ne pouvait pas s'empêcher d'être comme il était.» | Svyatoslav Romanov via Unsplash

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Guardian

En avril 2018, le Huffington Post titrait «Obtenir un diagnostic d'autisme à l'âge adulte, le parcours du combattant». Longtemps restreint à sa dimension infantile, l'autisme semblait cesser d'exister s'il n'avait pas été détecté avant l'adolescence. Dès lors, l'adulte atteint·e d'autisme avait seulement des tocs et des sautes d'humeur inexpliquées; on s'en accommodait.

David était marié depuis douze ans, il avait deux enfants et une maison. Il lui arrivait parfois de se lever brusquement de table quand un restaurant était trop bruyant ou d'avoir des réactions disproportionnées face à des problèmes anodins. Ces «incidents» laissaient sa femme déroutée, et lui, incapable de se faire comprendre, se repliait sur lui-même.

C'est seulement quand son fils a été diagnostiqué autiste que la situation s'est enfin débloquée. David a découvert que ses propres comportements avaient un nom, le même que pour son fils: troubles du spectre de l'autisme (TSA), avec syndrôme d'Asperger et troubles envahissants du développement (TED).

Pour sa femme et lui, le diagnostic est une délivrance. «Après douze ans sans se comprendre, j'ai fini par réaliser qu'il ne pouvait pas s'empêcher d'être comme il était», confie sa femme au Guardian.

Se comprendre soi-même et l'autre

Le spectre de l'autisme est large et sa définition reste souvent trop vague, même si elle a fini par inclure le syndrôme d'Asperger. Beaucoup d'adultes ne sont jamais diagnostiqué·es, alors que poser un terme sur ses comportements peut être salvateur pour la personne concernée.

Les TSA se caractérisent principalement par des troubles dans les interactions sociales et des comportements routiniers, répétitifs. Ces symptômes ont un impact sur la vie quotidienne et créent un malaise pour qui ne les comprend pas.

En avion et dans un hôpital, Laura James était sujette à des crises de panique incontrôlables. Dans ces situations, son mari était démuni: «Il ne comprenait pas pourquoi je me comportais de la sorte.»

«Une personne autiste a souvent du mal à lire les émotions chez les autres. Ils ne comprennent pas quand leur partenaire a besoin d'affection, de réconfort, ce qui laisse penser qu'ils n'en n'ont rien à faire», décrypte Tony Attwood, spécialiste du syndrôme d'Asperger.

Aussi, des attentes se créent du côté de la ou du partenaire, que la personne autiste appréhende souvent mal. Dès lors, «un déséquilibre peut se créer dans la relation, entre ce dont un conjoint a besoin et ce que l'autre est censé lui donner».

Robert devait toujours avoir le dos à un mur, pour s'assurer que personne ne se trouvait derrière. Pour lui, c'était un impératif; pour sa femme, ce n'était que l'une de ses «manies» dont il aurait pu se passer.

Être diagnostiqué TSA lui a permis de faire comprendre à sa femme le caractère irrépressible de ses routines. «Maintenant, elle trouve des tables contre le mur dans les cafés, elle s'assure que je peux m'assoir au fond du bus», raconte-t-il. Expliquer à soi-même et à l'autre, c'est tout l'intérêt du diagnostic, une étape nécessaire qu'il ne faut ni craindre, ni rejeter.

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