Santé / Société

La démence est-elle plus répandue chez les personnes âgées LGBT+?

Souvent privé·es de recours médical, les seniors LGBT+ développeraient davantage de troubles cognitifs que les hétérosexuel·les.

Discriminations, harcèlement physique et moral sont le quotidien de la communauté. | Martin Bernetti / AFP
Discriminations, harcèlement physique et moral sont le quotidien de la communauté. | Martin Bernetti / AFP

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Quartz

La commémoration des émeutes de Stonewall le mois dernier a été l'occasion de voir les visages qui ont porté la révolte, de cette nuit du 28 juin 1969, dans les rues de New York. Cinquante ans après cette série de manifestations spontanées protestant contre la persécution des autorités à l'encontre des personnes LGBT+, les traits sont plus que tirés. 

Est-ce à dire que les seniors LGBT+ seraient davantage marqué·es par les injustices dont elles ont été victimes que les personnes âgées hétérosexuelles? 

C'est ce que suggère une étude présentée par The US National Library of Medicine National Institutes of Health, qui démontre que cette catégorie serait plus exposée au déclin rapide de leurs aptitudes mentales, autrement dit à la démence, que les hétérosexuel·les. Sur les 210 LGBT+ de 50 ans et plus sondé·es, près de 25% ont déclaré avoir déjà ressenti des troubles cognitifs (de mémoire, de langage et d'attention) ainsi que des états dépressifs. Tous ces symptômes sont caractéristiques de la démence.

La maladie d’Alzheimer est la cause la plus courante de démence et serait à l’origine de 60% à 70% des cas, d'après l'OMS, touchant principalement les personnes âgées. Selon le directeur d'une organisation new-yorkaise pour les seniors LGBT+ interrogé par le magazine Quartz, «cette recherche ouvre la voie à ce que les activistes avaient déjà perçu depuis de nombreuses années». Si les raisons à l'origine de ce résultat ne sont pas établies dans le cadre de l'étude, l'hypothèse de l'environnement social primerait, selon Tim R. Johnston. 

Violence sociale, tabou médical

À cela s'ajoute le tabou médical sur l'orientation sexuelle. Une étude menée en France en 2015 sur 3.200 personnes LGBT+ a montré que moins de 10% ont été interrogé·es sur leur sexualité, souvent perçue comme une question inappropriée. Quant à ceux qui ont fait leur coming-out médical, 35% ont senti un jugement de la part de leur médecin. 

Discriminations dans la sphère publique comme privée, harcèlement physique et moral sont le quotidien de la communauté. D'autant que l'acquisition difficile du droit au mariage a laissé des cicatrices profondes, comme en atteste la recrudescence d'actes homophones depuis sa légalisation. Une violence sociale marquée, qui aurait une incidence majeure sur la santé mentale de celles et ceux qui la subissent au quotidien. 

Ainsi privées du recours médical, les personnes LGBT+ n'ont que leurs proches sur lesquels se reposer. Mais là encore, la situation reste problématique, en particulier pour les personnes âgées qui n'ont pas vraiment pu profiter des fruits de leur lutte. Sans enfants ou non marié·es, vivant souvent seul·es, «elles ne peuvent pas compter sur les structures de soutien traditionnelles», explique Jason Flatt, professeur d'épidémiologie à l'université de Californie, à San Francisco.

Si, selon Quartz, cette étude sur la relation entre démence et communauté LGBT+ de 50 ans et plus mérite d'être enrichie, elle aura au moins posé les bonnes questions: la sexualité doit cesser de s'apparenter à un thème intime, dont il ne faut pas parler dans le cadre d'une consultation. Elle devrait sérieusement être prise en compte dans le suivi médical.

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