Santé / Société

Ne dites jamais à votre boss que vous avez fait une intoxication alimentaire

C'est avant tout un enjeu de culture d'entreprise.

<a href="https://unsplash.com/photos/3J778yWKb2w">Des poissons grillés</a> | Lukas Budimaier via Unsplash <a href="https://unsplash.com/photos/3J778yWKb2w">License by</a>
Des poissons grillés | Lukas Budimaier via Unsplash License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Quartz

Le poisson à la fraîcheur douteuse du dimanche soir est mal passé et vous voilà lundi matin plus nauséeux·se que la décence professionnelle ne le permet: que faites-vous?

Vous restez chez vous, bien sûr –ou chez le médecin, pour peu que vous ayez vraiment forcé la dose–, mais voici venu le moment de prévenir votre chef·fe qu’aujourd'hui, ce sera sans vous. Si l’honnêteté est une vertu, songez tout de même qu’elle ne requiert pas de vous lancer dans une scrupuleuse révélation de l’intimité de votre transit intestinal.

Intoxications estivales

Parmi les vilains rhumes et autres migraines, l’intoxication alimentaire occupe une place d’exception. Qu’elle soit véridique ou simulée afin de dissimuler une flémingite aiguë, elle est devenue la tarte à la crème des excuses pour ne pas se rendre au travail. Le média américain CNBC était allé jusqu’à la recommander tout spécialement pour les excuses estivales: «il y a beaucoup de festivals, de pique-niques, d’événements de travail, de foires et d’autres événements où les gens mangent toutes sortes de choses bizarres, donc vos chances d’attraper une intoxication alimentaire va probablement augmenter durant l’été».

De fait, les taux d’intoxication alimentaire augmentent véritablement pendant les mois d’été, la chaleur étant favorable au développement des bactéries et les barbecues ayant tendance à rendre les gens plus laxistes sur les procédures de cuisson. Bien que l’ampleur du phénomène soit difficile à évaluer et varie du simple au triple selon les méthodes de comptage, on considère qu’il y a plus de 200.000 cas d’intoxications alimentaires par an en France –fourchette basse. En Europe, l’OMS  estime que 23 millions de personnes sont atteintes chaque année de maladies d’origine alimentaire.

Problèmes de confiance dans l'entreprise

Elle est donc pratique –un jour peut suffire pour s’en remettre, mais elle peut tout autant en justifier davantage–, vraisemblable sinon crédible… Pourtant, cela ne signifie pas que vous devriez la mettre en avant pour vous justifier.

«Il y a un problème plus profond lié à l’omniprésence de cette excuse: cela indique que de nombreux employés ont encore le sentiment qu’ils doivent convaincre leurs patron·nes qu’ils sont en train de vomir frénétiquement comme la gamine de L’Exorciste afin d’obtenir un jour de congé occasionnel», écrit Quartz.

Autrement dit, devoir justifier une absence comme au temps des carnets scolaires revient à «devoir s’excuser d’avoir une vie», tout en suggérant que seules les maladies physiques sont un motif légitime pour ne pas aller travailler.

Certaines entreprises modifient toutefois leurs politiques de travail pour prendre en compte le vaste éventail de raisons pour lesquelles un·e employé·e pourrait avoir besoin de s’absenter, en garantissant des congés payés illimités ou en encourageant les travailleur·ses à prendre des journées de santé mentale. Pour cela, encore faut-il sortir d’une conception présentéiste du travail, qui en plus d’infantiliser les travailleur·ses, est contreproductive et coûteuse pour les entreprises.

L’intoxication alimentaire, pour réelle qu’elle puisse être, devrait donc d’abord nous interroger sur un certain type de culture d’entreprise qui ne fait pas confiance aux employé·es pour gérer leur temps et accomplir leur travail.

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