Égalités / Société

Les campus et les bibliothèques, outils de lutte contre le populisme

Selon le sociologue américain Eric Klinenberg, les infrastructures publiques permettent de créer davantage de lien social.

<em>«Les bibliothèques jouent un rôle important dans la promotion de la démocratie.»</em> | Pexels <a href="http://pixabay.com/fr/photos/livres-%C3%A9tudiants-la-biblioth%C3%A8que-1281581/">via Pixabay</a>
«Les bibliothèques jouent un rôle important dans la promotion de la démocratie.» | Pexels via Pixabay

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Economist

Beaucoup de pistes ont été avancées pour expliquer l'explosion des mouvements populistes ces dernières années: insécurité économique, réactions violentes contre l'immigration et fakes news concernant son impact réel, crise politique... Une autre hypothèse est développée par le sociologue Eric Klinenberg dans son ouvrage Palaces for the people, paru en septembre 2018: le manque d'infrastructures publiques.

Ces espaces communs favoriseraient les discussions entre personnes venant d'horizons différents; les liens noués entre elles permettraient de faire voler en éclats de nombreux préjugés. L'auteur insiste en particulier sur l'importance des campus universitaires et des bibliothèques.

À la rencontre de l'autre

Eric Klinenberg indique que la mise en place de campus favorisant l'apprentissage et le développement d'un esprit communautaire est une priorité relativement nouvelle dans l'éducation publique.

Richard Dober, un chercheur renommé de Harvard et du MIT qui a conçu des campus dans le monde entier, disait qu'un campus bien pensé devait «promouvoir la communauté, l'allégence et la politesse, tout en encourageant la diversité dans le discours et la vision».

C'est bien là l'intérêt de l'université: sortir du cocon familial pour partir à la rencontre de l'autre et de sa manière de penser. Pour Eric Klinenberg, connaître autrui implique d'éprouver de la compassion; si l'empathie guide les échanges avec notre prochain, alors le populisme n'a plus lieu d'exister.

«Le temps que nous passons sur les campus universitaires façonne nos idées sur les buts que nous voulons poursuivre et sur ce que nous voulons devenir. Elle modifie nos réseaux sociaux et nos opportunités professionnelles. Elle brise les divisions ethniques et religieuses», insiste-t-il.

«Endroits radicalement inclusifs»

«Je crains que nous affamions nos bibliothèques au moment où nous en avons le plus besoin», déplore le sociologue. Dans de nombreuses villes du monde, les budgets accordés aux bibliothèques sont en baisse à cause des nouvelles technologies, et notamment des livres numériques. Pourtant, leur fonction va bien au-delà du fait de distribuer des livres: «Les bibliothèques jouent un rôle important dans la promotion de la démocratie –et la remise en question de l'autoritarisme– en raison de la façon dont elles sont dôtées en personnel, gérées et organisées.»

«Ces endroits sont radicalement inclusifs», poursuit-il: ils ne portent pas de jugement, préservent la vie privée, traitent tout le monde de la même manière, sans distinction de classe sociale, de race, d'origine ethnique ou d'âge.

Eric Klinenberg encourage également la création de cafétérias collectives, de chemins de promenade, d'infrastructures sportives... La solution est peut-être là: ne pas faire semblant de connaître les autres, mais aller vers elles et eux et leur parler dans un espace égalitaire.

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