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Israël-Iran: compte à rebours avant la guerre

Mahmoud Ahmadinejad a réitéré le 25 février de Damas sa menace «d'annihiler» l'Etat juif.

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Israël s'affaire fébrilement sur le plan diplomatique pour éviter un conflit armé avec l'Iran. Les dernières tentatives ont été conduites par un économiste internationalement reconnu, le Gouverneur de la Banque d'Israël, Stanley Fisher qui avait occupé le premier poste de directeur général du FMI (Fonds monétaire international) de 1994 à 2001. La faiblesse de la diplomatie israélienne, dirigée par Avigdor Lieberman, a contraint le premier ministre israélien à mobiliser des personnalités de la société civile pouvant, grâce à leur charisme et leur renommée, expliquer et justifier la politique israélienne face à la décision iranienne de se doter de l'arme nucléaire.

Le vote de sanctions nouvelles et plus contraignantes reste la seule issue pacifique. Une délégation du ministère des affaires étrangères israélien s'est déplacée en secret au Brésil pour tenter de convaincre le président Lula de la nécessité de prendre des sanctions supplémentaires contre l'Iran dans le cadre du Conseil de Sécurité de l'ONU. Dans le même temps, Mahmoud Ahmadinejad, le président de la République Islamique, a réitéré jeudi 25 février lors d'un sommet à Damas avec le président syrien Bachar al Assad et Hassan Nasrallah le chef du hezbollah libanais ses menaces «d'annihiler» Israël.

En déplacement à Washington le ministre de la Défense Ehoud Barak a affirmé que l'Iran «était un problème, pas seulement pour Israël mais pour le monde entier» et il a souhaité que l'ONU impose «des sanctions sévères et paralysantes dans le plus bref délai afin d'empêcher Téhéran de se doter de l'arme nucléaire».

Soucis économiques

Le Gouverneur de la Banque d'Israël a été envoyé à Pékin pour convaincre les autorités chinoises de se ranger aux côtés de la communauté internationale dans le vote de nouvelles sanctions au régime de Téhéran. Il fera aussi référence à l'impatience russe devant les tergiversations iraniennes. Benjamin Netanyahou a compris que le «maillon faible» à l'ONU pour de nouvelles sanctions contre l'Iran reste la Chine dont la politique est menée avant tout par ses intérêts économiques. De nombreux diplomates occidentaux sont persuadés que la Chine utilisera son droit de veto au Conseil de sécurité pour s'opposer à des sanctions touchant le secteur énergétique iranien. La Chine a besoin de s'assurer des approvisionnements stables en ressources énergétiques pour ne pas mettre en péril sa croissance et Téhéran lui offre cela. Pékin engloutit plus de 7% de la consommation mondiale de pétrole brut en deuxième position après les Etats-Unis. Sa consommation est passée de 1,7 millions de barils de pétrole par jour en 1980 à 21 millions aujourd'hui.

La Chine dispose de trois sources principales d'importation: l'Arabie saoudite, l'Angola et l'Iran qui ont représenté 47,7% du total des importations de pétrole en 2009. En envoyant un expert auprès du gouvernement chinois comme Stanley Fisher, Benjamin Netanyahou espère convaincre la Chine d'adopter une stratégie énergétique qui la rendrait moins dépendante de l'Iran en lui proposant de nouvelles sources d'approvisionnement y compris au Moyen-Orient. Il ne s'agit pas de convaincre la Chine de voter les nouvelles sanctions mais, mais en la rassurant sur ses approvisionnements et trouvant des alternatives dans d'autres pays, de pas s'y opposer en choisissant le moindre mal entre l'avènement d'une nouvelle puissance nucléaire et le vote dissuasif de nouvelles sanctions. Les Israéliens espèrent aussi qu'une baisse des ventes d'hydrocarbures par l'Iran affecterait son économie déjà aujourd'hui mal en point.

Sous la pression également des Etats-Unis, les Emirats Arabes Unis ont déjà amorcé le virage en augmentant de 400.000 le nombre de barils livrés en Chine, suivis par le Koweït et l'Arabie Saoudite. Cette dernière a mis également dans la balance l'achat d'armes chinoises et de biens de consommation. L'Iran qui fournissait 14% des achats pétroliers de la Chine n'en représente plus que 8% actuellement. Avant une frappe militaires des installations nucléaires, les israéliens tentent l'étouffement économique de Téhéran. Mais l'option militaire reste bien présente

Nouveau drone

Parallèlement à cette action diplomatique originale, Tsahal vient d'annoncer la mise en service d'un nouveau drone, Eitan, à long rayon d'action et le plus grand de tout l'arsenal israélien. De l'envergure d'un Boeing 737, il peut embarquer une tonne de fret à une altitude de plus 12 kilomètres. Cette avancée technologique confère une dimension nouvelle aux moyens des forces aériennes de réagir sur des cibles éloignées. Selon des sources de l'armée, il aurait la capacité d'atteindre le golfe Persique et notamment l'Iran.

La mission de Stanley Fisher semble bien être la dernière phase pacifique avant un risque d'embrasement général. Si les arguments économiques ne suffiront pas, Stanley Fisher est accompagné à Pékin de Moshé Yaalon, ancien chef d'Etat-major de Tsahal et ministre des questions stratégiques, qui aura pour rôle de mettre l'accent sur le danger de la nucléarisation de l'Iran et d'informer la Chine sur l'option militaire qui sera irréversible si les sanctions ne sont pas votées.

Benjamin Netanyahou a accepté de suivre les recommandations de Washington et de laisser la diplomatie suivre son cours mais la mission de Stanley Fisher peut être considérée comme l'ultime tentative diplomatique d'Israël.

Jacques Benillouche

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Image de Une: Chasseur F-15 de l'aviation israélienne: Reuters

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