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Pourquoi Ada Hegerberg, Ballon d'Or, boycotte la Coupe du monde

La buteuse norvégienne entend protester contre les inégalités salariales.

Ada Hegerberg lors de la dernière finale de la Champions League opposant l'Olympique Lyonnais au FC Barcelone | Ferenc Isza / AFP
Ada Hegerberg lors de la dernière finale de la Champions League opposant l'Olympique Lyonnais au FC Barcelone | Ferenc Isza / AFP

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Refinery29

Imaginez que Kylian Mbappé ou Luka Modric décident de ne pas participer à la prochaine Coupe du monde pour des raisons politiques. C'est exactement ce qui est en train de se produire avec Ada Hegerberg. Âgée de 23 ans, l'attaquante de l'Olympique Lyonnais possède un palmarès de rêve: quatre victoires en Champions League, cinq en Championnat de France, cinq en Coupe de France, et un Ballon d'Or en 2018, le tout premier de l'histoire. En revanche, quoi qu'il arrive, elle n'ajoutera pas la Coupe du monde 2019 dans son escarcelle.

À ce jour, la buteuse de l'OL et de l'équipe de Norvège est la seule joueuse à avoir annoncé officiellement sa décision de ne pas participer au Mondial, raconte Refinery29. Ce geste fort, éminemment politique, est destiné à protester contre l'inégalité de traitement entre les footballeuses et leurs homologues masculins, bien mieux rémunérés.

Il y a quelques mois, les footballeuses de l'équipe des USA avaient décidé d'attaquer conjointement leur fédération en justice afin de dénoncer l'ampleur des inégalités salariales dont elles sont victimes. Pour mémoire, les joueuses américaines touchent en moyenne 40% du salaire de leurs compatriotes masculins.

L'équipe danoise, un modèle de courage

En octobre 2017, l'équipe féminine du Danemark avait décidé de ne pas jouer un match devant l'opposer à la Suède en raison de profonds désaccords avec la fédération danoise. La rencontre, qualificative pour la Coupe du monde 2019, aurait permis à l'équipe de se qualifier si elle avait battu la Suède. Déclarées perdantes sur tapis vert (c'est-à-dire sans jouer), les Danoises ont finalement accédé à des barrages qui ne leur ont pas permis d'accéder au Mondial. Un sabordage volontaire et engagé qui leur aura en tout cas permis de trouver un accord temporaire avec leur fédération, puis des avancées significatives et définitives en termes de salaires. Mais à quel prix.

Quant à l'équipe norvégienne, qui fait aujourd'hui office d'outsider après avoir longtemps été considérée comme l'une des meilleures du monde, elle devra faire sans l'une de ses meilleures joueuses. Hegerberg, qui avait effectué ses débuts en sélection nationale en 2011 (à l'âge de 16 ans et 4 mois), a stoppé sa carrière internationale en 2017 afin de protester contre la façon dont la fédération norvégienne traitait le championnat féminin. Au niveau des salaires, la fédé a réagi à hauteur de ce que demandait la footballeuse, devenant la première fédération de football payer les joueuses autant que les joueurs. Un grand pas en avant, mais pas une fin en soi pour Ada Hegerberg, qui déclarait alors à Associated Press qu'«un grand nombre de choses reste à faire pour améliorer les conditions des femmes qui jouent au football». C'est-à-dire notamment une médiatisation plus importante et des conditions d'entraînement plus favorables.

Cela fait donc deux ans que la footballeuse n'a plus joué pour l'équipe de Norvège. Une décision saluée par l'Allemande Nadine Kessler, responsable du football féminin auprès de l'UEFA: «Rater une Coupe du monde en toute conscience est un choix très courageux. Je pense que la décision d'Ada doit être respectée». Respectée, saluée, et enfin considérée à sa juste valeur par la fédération norvégienne, l'UEFA et la FIFA, qui ont encore un sacré chemin à parcourir pour que les femmes puissent jouer au football sans avoir besoin d'en passer par des actions judiciaires, des grèves et des boycotts.

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