Parents & enfants / Société

Les enfants de divorcés ne sont pas condamnés à divorcer

Cette vieille théorie, déjà un peu bancale, est devenue obsolète.

Saurez-vous ne pas faire les mêmes erreurs que papa et maman? | Marc A. Sporys / <a href="https://unsplash.com/photos/NO8Sj4dKE8k">Unsplash</a>
Saurez-vous ne pas faire les mêmes erreurs que papa et maman? | Marc A. Sporys / Unsplash

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Atlantic

«Comment étaient vos parents?» Vous êtes allongé sur ce sofa jaune à vous demander s'il était nécessaire de payer 74 euros la séance chez le psy pour savoir si, oui ou non, vous avez hérité du divorce de vos parents comme on hérite du canapé de mamie. Il semblerait que non: les dernières études montrent que la théorie de la transmission du divorce entre les générations se vérifie de moins en moins.

Une vieille théorie

La transmission du divorce à ses enfants était une théorie reine dans l'imaginaire populaire: suivant une logique d'«homogamie familiale», les enfants de divorcé·es seraient plus enclins à se marier avec d'autres enfants de divorcé·es et les couples ainsi formés plus fragiles que les couples d'enfants de «famille intacte». C'est ce que Wolfinger, sociologue américain spécialiste du divorce, a appelé la transmission intergénérationnelle du divorce.

Sans doute alimentée par nos propres préjugés, la théorie a tenu bon pendant des décennies bien que les explications qui la justifient soient formulées parfois de manière assez triviales, à l'image de ce représentant de la théorie génétique: «Vous êtes un con, vous divorcez parce que vous êtes un con dans votre couple, vous avez des enfants à qui vous transmettez votre gène de con et ils divorcent à leur tour parce que ce sont des cons dans leur couple», disait Wolfinger dans des termes hautement scientifiques. Cependant l'adage «enfant de divorcé·es, mariage manqué» est en passe d'être dépassé.

Les millennials sauvés, les baby-boomers condamnés?

Les enfants issus de parents divorcés ne se séparent plus autant qu'avant: c'est ce que montre une étude basée sur les données du General Social Survey, un institut de sondage américain. Entre 1972 et 1996, les transmissions de divorce entre générations ont baissé de 50%. Un paradoxe compte tenu l'augmentation des divorces depuis 1970? Pas vraiment.

D'abord, le poids social du divorce des parents est devenu moins lourd à porter et le statut d'enfant de divorcé s'est normalisé sur le plan social. Quand il grandira, l'enfant concerné ne réagira plus autant par rapport au divorce de ses parents, la moitié de ses ami·es ayant aussi des parents divorcés. Il réagira plutôt par rapport à ce dont il a envie. Il ne s'agit plus de ne pas refaire les mêmes erreurs que papa et maman mais plutôt de mettre en balance ses propres aspirations pour une vie de couple réussie.

Deuxième point, le divorce est devenu moins conflictuel grâce à la banalisation du divorce par consentement mutuel. Certain·es prennent même des selfies pour célébrer leur séparation ou organisent des fêtes. Les enfants portent alors moins de stigmates que s'ils avaient vu leur parents s'entre-déchirer.

Enfin, l'attractivité du mariage de manière générale est en baisse. S'unir à l'église ou à la mairie n'a plus la même valeur d'obligation sociale ou de passage obligé qu'avant. En France, les chiffres de l'Insee indiquent que 2017 est la deuxième année la plus basse en nombre de mariages depuis l'après-guerre. Parallèlement, le taux de divorce baisse depuis 2005 et il semblerait que les millennials divorcent moins que les baby-boomers.

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