Sciences / Culture

Les squelettes de dinosaures s'arrachent partout, sauf en France

Devant l’engouement des particuliers pour ces fossiles préhistoriques, nombre de paléontologues s’inquiètent de perdre la trace de ces trésors scientifiques.

«Posséder un dinosaure est devenu tendance. Leurs squelettes sont considérés comme des objets de design.» | Aditya Vyas via <a href="https://unsplash.com/photos/qTsqBReOZ1U">Unsplash</a>
«Posséder un dinosaure est devenu tendance. Leurs squelettes sont considérés comme des objets de design.» | Aditya Vyas via Unsplash

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Guardian

Les dinosaures ont la cote. Expositions à succès de Paris à New York, revival de la franchise Jurassic Park ou regain d’intérêt pour le paléoart, cette branche de niche de la peinture qui met en scène des mammouths et des dinosaures, ces créatures disparues n’ont jamais autant été sur le devant de la scène. Un engouement qui explique le juteux marché qui éclot autour des ossements et autres fossiles de dinosaures.

Le squelette d'un nourrisson Tyrannosaurus rex vient ainsi d’être mis en vente sur eBay pour près de 2,5 millions d’euros, créant un tollé parmi les paléontologues, pour qui cette rareté, qui daterait de plus de 68 millions d’années, «appartient à un musée».

Découverte en 2013 sur des terres privées dans le Montana, elle est la propriété d'Alan Detrich, le chasseur professionnel de fossiles qui l'a trouvée. Avant qu’il ne se décide à tirer profit de cette découverte, Alan Detrich avait prêté le squelette au Musée d'histoire naturelle de l'université du Kansas, mais l'en avait retiré avant que les scientifiques puissent l'étudier.

Une perte considérable pour la science, estime Riley Black, spécialiste des fossiles: «Les États-Unis ont besoin d'une refonte majeure des lois et des règlements entourant l'excavation de fossiles d'importance scientifique. En ce qui concerne les découvertes sur les terres privées, tout se déroule comme au temps du Far West: c’est chacun pour soi. Ce qui a permis à un nombre incalculable de fossiles d'être vendus à des particuliers, qui les entreposent dans leurs domaines privés où personne ne peut rien apprendre d'eux.»

Exception hexagonale

Le phénomène risque de se répéter, puisque l’acquisition de squelettes de dinosaures est la dernière lubie des millionnaires ou célébrités. En 2013, Nicolas Cage et Leonardo DiCaprio s’étaient ainsi écharpés en salle des ventes pour un crâne de dinosaure, finalement obtenu par l’acteur de Volte-face pour plus de 250.000 euros.

«Posséder un dinosaure est devenu tendance. Leurs squelettes sont considérés comme des objets de design, décrypte Luca Cableri, marchand d'art de la galerie Theatrum Mundi, sur Artnet. Mais peu de gens savent qu'un dinosaure est une œuvre d'art, au même titre qu’un tableau ou une sculpture. Peu de gens ont conscience du travail accompli par des paléontologues, des artisans, des designers et des universitaires pour reconstruire et restaurer ces squelettes.»

Curieusement, les squelettes de dinosaures ne semblent pas intéresser grand monde en France. Paris Match rapporte qu'en avril 2019, quatre squelettes d’une valeur estimée aux alentours de 800.000 euros n’ont pas trouvé preneur, faute d’enchères suffisantes.

En novembre 2018, deux squelettes d’Allosaurus et de Camptosaurus, estimés entre 500.000 et 800.000 euros, étaient déjà restés sur les bras de la maison de vente Artcurial.

«Les squelettes de dinosaures relèvent de la haute décoration, indique à l'AFP Me Alexandre Giquello, commissaire-priseur. Il n'y a pas de collectionneurs, seulement des amateurs qui fonctionnent uniquement au coup de cœur.»

En juin prochain, à Paris, la maison française Aguttes mettra en vente le squelette de «Skinny», un dinosaure herbivore cousin du Diplodocus estimé entre 1,5 et 2 millions d'euros.

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