Lorsque l’on arrête de croire en quelque chose, il est rare que cela arrive d'un coup. Le plus souvent, la croyance s’étiole petit à petit, jusqu’à disparaître. Pour ce qui est du père Noël, par exemple, les enfants commencent d’abord par comprendre que celui qu’ils ont vu à l’école était un faux. Mais ils pensent tout de même que c'est le vrai qui dépose les cadeaux au pied du sapin, expliquent les psychologues américains Thalia Goldstein et Jaqueline Wooley.
Ce n’est que progressivement qu'ils réalisent que le Père Noël est une invention. Le procédé derrière la perte de foi religieuse est semblable. La religion comme le Père Noël sont des idées agréables et réconfortantes, qui fournissent au cerveau des récompenses.
«C’est exactement comme une drogue –comme la cocaïne ou la méthamphétamine, ou la musique ou l’amour», explique Jeffret Anderson, un radiologue spécialiste de l’effet de la religion sur le cerveau. «Toutes ces expériences déclenchent des récompenses. La physiologie est identique». Ces récompenses sont l’une des raisons pour laquelle inconsciemment, notre cerveau est motivé à continuer de croire.
Changer de dieu comme de chemises
Paradoxalement, ces récompenses sont aussi ce qui mène la foi à sa perte. Lorsque l’on arrive à l’université par exemple, le climat y est plus scientifique que dans sa famille, Dieu tient une place bien moins importante. Les stimuli proposés par la religion sont alors moins intenses et les circuits qu'ils empruntent moins actifs. On commence alors à perdre la foi.
Les circuits de récompenses ne disparaissent pas pour autant. Les croyances qui les remplacent, scientifiques par exemple, se construisent en parallèle, sans effacer les précédentes. C’est pourquoi on peut croire à l’évolution, mais aussi au fait que Dieu ait créé l’univers et les hommes.
Jordan Grafman, un neurologue, compare cela à changer de style: «Lorsque quelqu’un abandonne une religion ou se convertit, ce n’est pas comme s'il jetait tous ses vêtements d’un coup et rachetait une garde-robe entière. Il les remplace petit à petit en choisissant ce qu’il jette et ce qu’il garde».