Un cri de terreur, un «ohhh» attendri, un «baaaah» dégoûté ou un soupir fatigué, depuis des millénaires l'être humain communique à travers des sons et des exclamations. Bien loin des discours construits, ces onomatopées à l'impulsion primitive en disent long sur ce que nous ressentons. La preuve grâce à cette carte interactive mise au point par des universitaires américains, qui répertorie l'ensemble des sons utilisés pour traduire ce que nous éprouvons (à parcourir avec le son allumé). «Nos recherches montrent que la voix est un outil de communication bien plus puissant pour exprimer nos émotions que nous ne l'imaginions», explique Alan Cowen, co-auteur et instigateur de l'étude.
En enregistrant les bruits émis par des volontaires à la lecture d'histoires tantôt tristes, tantôt drôles, puis en demandant à un autre groupe de cobayes de les catégoriser, les chercheurs sont parvenus à cartographier les émotions humaines. Pour l'explorer, il suffit de faire glisser sa souris sur les différentes régions de la carte. On entend ainsi les sons associés aux vingt-quatre émotions répertoriées par l'étude: l'embarras, l'allégresse, le triomphe, la tristesse, l'amusement, l'adoration, le mépris, la déception, le dégoût, le désir, la douleur, l'extase, la sympathie, la colère, la détresse, le soulagement, la prise de conscience, le contentement, l'intéret, la confusion, l'admiration, la surpise positive, la surpise négative et la peur. À titre de comparaison, les précédentes études menées sur ce sujet ne faisaient état que de treize émotions.
Un outil aux multiples fonctions
En naviguant sur la carte, on perçoit comment les sons sont vecteurs d'informations et nous permettent de communiquer entre nous en quelques fractions de secondes. «Ces résultats montrent que les expressions émotionelles et vocales colorent nos interactions sociales à travers de vifs déclarations de nos sentiments les plus intimes. Ce sont sur ces signaux que se basent nos proches ou nos collègues pour décrypter nos intentions les plus sincères», affirme Alan Cowen.
Outre son aspect ludique, selon ses auteurs, cette carte peut également servir à faire progresser les robots et autres intelligences artificielles dans leurs compréhension de l'être humain grâce à la technique du deep learning. Dans un autre secteur, elle pourrait aussi aider des soignants et soignantes à mieux comprendre ce que souhaitent exprimer des personnes souffrant d'autisme ou de troubles mentaux.