Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur BBC
Les combats féministes ont beaucoup attiré l’attention ces dernières années en Europe et Amérique du Nord, par exemple avec l’affaire Harvey Weinstein et l'expansion du mouvement #MeToo. Pourtant, le féminisme ne gagne quasiment pas en popularité dans le monde occidental.
En février 2018, l'institut de sondage YouGov a interrogé 1.037 Britanniques en leur demandant si elles et ils se considéraient comme féministes. 34% des femmes ont répondu «oui», contre 51% de «non» (et 15% «je ne sais pas»); 18% des hommes ont répondu «oui», contre 63% de «non» (et 19% «je ne sais pas»).
YouGov a ensuite posé la même question dans les pays voisins. Que ce soit en Allemagne, en Finlande, en Suède, en Norvège, au Danemark ou en France, moins de la moitié des individus sondés (mille personnes dans chaque pays) se sont déclarés féministes. Les chiffres vont de 8% pour l’Allemagne à 40% pour la Suède.
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Classes sociales, origines ethniques et poids des stéréotypes
Les différentes populations ne rejettent pas tant l'idéologie féministe que le terme en lui-même. Dans tous les pays sondés, plus de 80% des individus déclarent être en faveur de l'égalité des droits et des traitements entre femmes et hommes dans tous les domaines.
Mais par exemple, la classe ouvrière ne se retrouve pas dans le mot «féministe»: une personne sur cinq, femmes et hommes confondus, rejette le qualificatif –contre une sur trois dans les milieux sociaux plus aisés.
Les origines ethniques peuvent aussi façonner les perceptions du féminisme. Certaines femmes reprochent au mouvement d'améliorer essentiellement le mode de vie des femmes blanches. Aux États-Unis, une étude faite chez les millennials de sexe féminin a montré que 12% des Hispaniques, 21% des Afro-Américaines et 23% des Asiatiques se considéraient féministes, contre 26% des Blanches.
Enfin, les idées reçues associées au mouvement créent une forme de rejet. Scarlett Curtis explique dans son livre Feminists Don't Wear Pink and Other Lies que les féministes sont encore souvent vues comme des femmes qui ne se maquillent pas, ne se rasent pas et ont la haine des hommes. Dans les années 1920, elles étaient appelées «les femmes célibataires» et les spéculations sur leurs préférences sexuelles étaient légion. Une image qui est loin d'avoir disparu aujourd’hui.
En 2017, seuls 8% des Britanniques étaient d’accord avec la répartition traditionnelle des rôles «hommes au travail, femmes à la maison», alors qu'ils étaient 43% en 1984. La preuve que les convictions changent, même si ce n'est pas le cas des qualifications auto-attribuées.