Société

Les chats me consolent de la douleur de vivre

[BLOG You Will Never Hate Alone] Ils sont indispensables à ma santé mentale.

Les chats nous comprennent et c’est là le plus bel hommage qu’on puisse leur rendre. | failmatik_guy / Flickr <a href="https://www.flickr.com/photos/failmatik_guy/20281644914/"></a>
Les chats nous comprennent et c’est là le plus bel hommage qu’on puisse leur rendre. | failmatik_guy / Flickr

Temps de lecture: 2 minutes

Si je m’écoutais, je vivrais entouré de chats et de rien d’autre. De quelques livres aussi. Et de musique, sans laquelle la vie ne ressemblerait à rien. Je vivrais de rien, d’amour et d’eau fraîche, de légumes plantés dans mon potager, de l’air du temps et de ces mille petits riens qui font le sel de l’existence. Surtout, je me garderais bien des hommes, de leur médisance et de leur lâcheté, de leur tromperie et de leur méchanceté, de leur vacuité et de leur bavardage.

J’irais dans la vie, solitaire, sans attache, libre, sans comptes à rendre à personne, accompagné d’un chat dont la présence ne me quitterait jamais. Nous habiterions une simple cabane, près d’un lac aux eaux bleutées, entourés d’arbres qui s’élèveraient hauts dans le ciel, mirifiques et majestueux, parmi la tendre beauté de paysages qui ne s’encombrent d’aucun artifice pour se laisser admirer, quand le soleil au zénith s’étend au-dessus d'eux et chante le bonheur terrestre.

Nous serions inséparables mon chat et moi. Je n’aurais aucun secret pour lui, il se confierait à moi, assuré que jamais je ne le trahirais. Il serait là, beau et doux comme tous les chats, énigmatique et solitaire, placide et attentif, les yeux pleins de ces mystères dont les dieux les ont pourvus pour mieux nous ensorceler, promenant son allure féline parmi les livres et mes souvenirs d’autrefois.

Les chats, eux, ne nous jugent pas

Point de disputes, de cris, de rivalités mesquines –commerce habituel des individus– mais le simple plaisir d’être, de prendre la vie comme elle vient, d’ouvrir grand les portes de nos sens pour mieux la goûter et la révérer, dans cet accomplissement de l’existence qui s’écoule, douce et sans fracas. Il veillerait sur moi, je le laisserais vivre sa vie et quand il viendrait me voir pour me conter sa journée, je l’accueillerais comme un vieil ami dont il me tarde d’avoir des nouvelles. Il me dirait ses courses et ses poursuites, ses haltes et ses siestes, ses cachettes et ses ruses, ses chevauchées fantastiques et ses raccourcis furtifs et, blotti à mes pieds, il s’endormirait, heureux d’exister.

Chat par Foujita, 1929 | Ωméga / Flickr 

Je prendrais le temps de le regarder, ce chat enroulé sur lui-même, à la respiration profonde qui parfois s’agite quand dans ses rêves opiniâtres, il se lance des défis homériques, à la lueur de ses moustaches frétillantes qui sont les palpitations des cœurs quand ils s’éprennent les uns des autres. Et dans le soir qui décline, parmi les senteurs qui montent de la terre assoupie, au milieu des trésors de la nature alanguie, je lui dirais mes doutes et mes chagrins, mes peurs et mes vertiges, ma condition d’homme perdu dans un monde qui le déborde et le dévore.

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Il ne me jugerait jamais –le chat n’a pas le goût des manigances et des machinations dont nous autres humains sommes si friands, quand il s’agit d’écraser l’autre pour mieux asseoir son autorité. Il m’accepterait comme je suis, fragile mais fort, joyeux mais désespéré, mélancolique mais idolâtre d’une vie honnie et aimée à la fois, toujours éclairée par la présence de ces chats dont les vagabondages singuliers, les pitreries toujours recommencées, les incessantes loufoqueries, les folies et les caprices, leur charme ineffable et leur grâce jamais domptée m’auront plus d’une fois dissuadé d’aller au-devant de la mort carnassière et oublieuse.

Qu’on se le dise: les chats ne nous aiment pas, ils nous comprennent et c’est là le plus bel hommage qu’on puisse leur rendre.

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