En 2016, Colin Kaepernick s’est rendu célèbre pour s’être agenouillé lors de l’hymne national des États-Unis, afin de protester contre les violences policières et les injustices raciales envers les Américains noirs. Ce geste, anodin en France, a créé une forte polémique aux USA et a été suivi par d’autres joueurs. La protestation était très populaire chez les noirs Américains, avec 74% d’opinions favorables en 2016, et très impopulaire chez les blancs, avec 62% d’opinions défavorables.
Cette opposition a fini par ressortir sur l’ensemble des joueurs de football noirs. Chaque année, une étude de Q Scores évalue la popularité des stars de NFL, rappelle le Washington Post, via un panel représentatif de la population américaine. Q Scores demande aux interrogés s’ils connaissent tel ou tel joueur, et si leur opinion à propos de ce dernier est «médiocre», «passable», «bonne», «très bonne» ou «un de vos favoris». Quarante-trois joueurs de NFL ont été inclus dans les sondages de 2015 et 2018. Parmi eux, vingt-et-un sont noirs. Neuf ont protesté au moins une fois durant les saisons 2016 ou 2017. Du côté des joueurs de couleur blanche, aucun ne l’a fait.
En 2015, il y avait quatre joueurs noirs sur les dix joueurs les plus populaires chez les Américains blancs. En 2018, il n’y en avait qu’un sur dix. Les joueurs noirs ont surtout perdu de la popularité chez les Américains blancs non-diplômés, qu’ils aient protesté ou non. Ceux qui ont protesté durant l’hymne ont perdu 6% comparé aux joueurs blancs. Ceux qui n’ont rien fait durant l’hymne ont perdu 4% de popularité comparé à leurs homologues. Chez les Américains blancs diplômés, les protestants n’ont perdu que 1% de leur popularité, et elle a légèrement augmenté pour les non-protestants. Chez les Afro-américains, la popularité des joueurs noirs est également en hausse d’1%, ceux qui n’ont pas protesté ont légèrement baissé en revanche.
Cette perte de popularité est importante, rappelle le Washington Post, car elle nuit au train de vie des joueurs de football noirs. Ces derniers «font déjà face à une partialité dans la couverture médiatique, le scouting et le recrutement. Les spécialistes du marketing se fient à des sondages tels que Q Scores pour décider s’ils doivent faire des avenants lucratifs et nouer des contrats. La perte de popularité dans ces sondages pourrait entraîner une pénalité financière tangible».