Société

Les femmes bisexuelles ont plus de partenaires masculins que les hétérosexuelles

Une enquête montre que la bisexualité est bien plus complexe que les stéréotypes qui lui sont associés.

Le drapeau de fierté bi | Peter Salanki via Flickr CC <a href="https://www.flickr.com/photos/salanki/3673713584">License by</a>
Le drapeau de fierté bi | Peter Salanki via Flickr CC License by

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En France, 0,9% des femmes et 0,6% des hommes se déclarent bisexuels, selon l’enquête sociologique «Virage», menée en 2015, l’une des rares qui n’assimilent pas simplement bisexualité et homosexualité sans différencier les deux.

L’Institut national d’études démographiques (INED) a décidé de mener une étude portant spécifiquement sur les personnes bisexuelles. Mathieu Trachman et Tania Lejbowicz se sont basées pour cela sur les données de l’enquête en question, réalisée en 2015 auprès d’un échantillon représentatif de 27.268 personnes.

Les idées préconçues sur la bisexualité sont mises à mal par l’étude. Notamment, celle qui voudrait que cette orientation ne soit qu’une manière de relativiser son homosexualité. Statistiquement, c’est au contraire «une sexualité plus souvent tournée vers l’autre sexe», c’est-à-dire que la majorité des relations des femmes bisexuelles sont avec des hommes et inversement.

Critères

Les femmes qui se revendiquent bisexuelles ont même plus de partenaires masculins que les hétérosexuelles. Leur médiane est de sept partenaires contre seulement trois pour les hétérosexuelles. Pour Trachman et Lejbowicz, «ces résultats remettent en cause l’idée d’une bisexualité qui devrait être pensée par rapport à l’homosexualité, comme une période transitoire vers l’homosexualité ou comme une homosexualité déniée».

Reste que la bisexualité n’est pas évidente à définir. Trois critères différents sont pris en compte: «les attirances, les pratiques, et l’identification». Et selon le critère sélectionné, les résultats ne sont pas les mêmes.

Ainsi, 2,7% des personnes interrogées déclarent être attirées par les hommes et les femmes, mais seules 1,9% disent avoir «des pratiques sexuelles avec les personnes des deux sexes». Et seulement 0,9% des femmes et 0,6% des hommes se déclarent bisexuels. Cela veut dire qu’un certain nombre de personnes ne se considèrent pas comme bisexuelles alors même qu’elles sont attirés par les «deux sexes».

Différences de genre

Ce constat peut paraître paradoxal, mais il s’explique en partie par le poids du regard social. En effet, le genre est une variable non négligeable dans l’identification en tant que bi. Sur les femmes ayant eu des relations sexuelles avec les deux sexes, seules 28% s’affirment bisexuelles, 17% lesbiennes et 53% hétérosexuelles. Chez les hommes, 34% s’affirment bisexuels, 34% gays et 31% hétéros. Pourtant, au total, plus de femmes que d’hommes se déclarent bi.

L’explication de Trachman et Lejbowicz est qu’exprimer un désir ou des pratiques bisexuelles peut être accepté comme une part de la sexualité féminine, mais à une condition: «lorsqu’elles ne remettent pas en cause l’attrait des femmes pour les hommes». C’est-à-dire jouer dans le fantasme masculin des rapports lesbiens, sans pour autant renier son attirance pour les hommes. Un contrôle de la sexualité patriarcal et lesbophobe, en somme. Les femmes bisexuelles seraient ainsi deux fois plus victimes de violences sexuelles que leurs congénères hétérosexuelles.

En revanche, l’étude estime qu’«il semble plus facile pour les hommes qui déclarent des attirances et des pratiques pour les deux sexes de s’identifier comme bisexuels. Se dire bisexuel implique une affirmation de ses désirs, peut-être plus facilement admise pour les hommes». Même si, bien entendu, l’homophobie joue aussi probablement dans le fait que nombre d’hommes se disent hétérosexuels malgré une attirance pour les hommes et des relations sexuelles avec eux.

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