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Les girafes rejoignent la liste des espèces en danger critique d'extinction

La girafe du Kordofan et la girafe de Nubie ont franchi un cap sur la liste rouge de l'UICN.

Girafes dans un zoo, à Calcutta, en Inde, le 7 juin 2018 | Dibyangshu Sarkar / AFP
Girafes dans un zoo, à Calcutta, en Inde, le 7 juin 2018 | Dibyangshu Sarkar / AFP

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Dans les bestiaires médiévaux, on la trouvait du côté des animaux fantastiques, côtoyant le centaure et la licorne. Il a fallu attendre jusqu’au milieu du XVIème siècle pour que le naturaliste Pierre Belon, revenant d’un voyage en Égypte, en rapporte en France une description détaillée, accompagnée d’un croquis:

«Bigarrée des taches d’un léopard, le cou long comme un chameau: c’est une bête moult belle, de la plus douce nature qui soit, quasi comme une brebis, et autant aimable que nulle autre bête sauvage». La description se poursuit, multipliant les comparaisons avec d’autres bêtes mieux connues à l’époque : «la tête presque semblable à celle d’un cerf», «les oreilles grandes comme d’une vache», «la langue d’un bœuf et noire», «les poils plus gros trois fois que n’est celui d’un cheval»… on aura reconnu la girafe.

On l’avait «domestiquée» depuis, et elle avait fini par rejoindre l’imaginaire collectif, incontournable des zoos comme des livres pour enfants. Il n’en reste aujourd'hui plus que 68.293 dans le monde, et elle pourrait bien finir par retourner à sa condition d’animal mythique, repoussée dans les limbes de l’imagination, quand elle aura disparu.

455 spécimens restants

Deux sous-espèces de girafe viennent de rejoindre pour la première fois la liste des espèces en danger critique d'extinction: la girafe du Kordofan, dont il ne reste plus que 1.400 spécimens sur terre, et la girafe de Nubie, représentée à «hauteur» de 455 spécimens.

L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui attribue aux espèces animales un statut de conservation et tient à jour la «Liste rouge» de référence des espèces menacées, y a également ajouté la girafe réticulée, sous le statut d’espèce en danger. Sur l’échelle de l’UICN, les autres types de girafes se partagent les statuts d’espèce «vulnérable» ou «quasi-menacée», cependant que leur population totale est en baisse constante depuis plus de trente ans. De 1985 à 2015, le nombre de girafes a décliné de près de 40%.

Julian Fennessey, coprésident du groupe de spécialistes des girafes et des okapis de l’UICN, a déclaré que les girafes sont soumises à «de fortes pressions dans certaines de leurs zones de peuplement privilégiées en Afrique de l’Est, centrale et de l’Ouest», ajoutant que la Commission pour la survie des espèces de l’UICN «tire la sonnette d’alarme depuis quelques années maintenant».

Bien qu’étant protégées dans plusieurs pays d’Afrique, les girafes voient leur habitat se réduire et se détériorer à travers la conjoncture du réchauffement climatique, de la déforestation et de l’expansion des activités agricoles. D’un autre côté, elles pâtissent d’exactions humaines liées à la chasse illégale, quand elles ne sont pas dans certaines zones les dommages collatéraux de violences militaires ou paramilitaires.

Les États-Unis, grands exportateurs de girafes

Aux États-Unis, quatre groupes de défense de l’environnement et des droits des animaux ont déposé ce jeudi 6 décembre une plainte contre l’administration Trump à ce sujet. Selon Reuters, elles accusent «les autorités américaines de traîner les pieds pour répondre à une pétition demandant à ce que les girafes soient protégées par la loi sur les espèces menacées d’extinction».  Le secrétaire à l’Intérieur Ryan Zinke et le U.S. Fish and Wildlife Service n’avait pas respecté le délai réglementaire de 90 jours pour répondre à leur requête, déposée en avril 2017.

Selon un rapport rédigé par la Humane Society of the United States, entre 2006 et 2015, les États-Unis ont importé près de 40.000 produits de girafe tels que des trophées ou des vêtements, ce qui représenterait environ 4.000 girafes individuelles.

Des sous-espèces à la hausse

Si la population totale des girafes est sur le déclin, des différences notables s’observent cependant entre les espèces et sous-espèces et leurs zones d’habitation. En Afrique de l’Est et en Afrique centrale, le nombre de girafes est en baisse, tandis qu’il est globalement en hausse en Afrique du sud et en Afrique de l’Ouest. Sur les neuf sous-espèces de girafes, quatre augmentent, quatre diminuent, et une reste stable, détaille l’UICN.

Arthur Muenza, le coordinateur pour l’Afrique de l’Est de la Fondation pour la conservation des girafes déclarait ainsi dans un communiqué que «c’est un exemple de réussite dans le domaine de la conservation, qui met en lumière l’importance de la conservation proactive des girafes et des efforts de gestion menés auprès de populations critiques à travers le continent».

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