Culture

Festival Un état du monde : focus sur Joachim Trier et Fabcaro

Avec le réalisateur norvégien et l’auteur de BD montpelliérain, le Forum des images met à l’honneur un chroniqueur du temps présent et un partisan d’une lecture ironique du réel.

Temps de lecture: 2 minutes

Avec deux invités d’exception, le réalisateur norvégien Joachim Trier et l’auteur de BD montpellierain Fabcaro, le Festival Un état du monde (16-25 novembre), au Forum des images, propose une plongée vivifiante dans des univers cinématographiques bien distincts.

Joachim Trier, chroniqueur de sa génération

En 2011, Joachim Trier se lance un défi : réinventer l’un de ses films préférés, le cultissime Feu Follet de Louis Malle (1963), le portrait déchirant (d’après le roman de Pierre Drieu la Rochelle) d’un homme traversé par une indicible souffrance de vivre. Comment faire, se demande alors le réalisateur norvégien, pour filmer cette histoire à sa façon, sans être écrasé par le chef-d’œuvre de son aîné ?

La solution tient en ce titre : Oslo, 31 août. Il s’agit d’ancrer l’histoire dans le contemporain, le plus précisément possible. « Grâce à Anders (le héros), explique-t-il au site américain Criterion.com, nous écoutons les conversations du Oslo contemporain, et nous voyons comment elles influent sur sa vision du monde. Cela signifie que le film existe dans une sorte de bulle – il est rattaché à une époque précise, et donc il est appelé à vieillir. Mais je pense que les gens devraient continuer à faire des versions de ce film tous les dix ou vingt ans, dans des villes différentes, avec des personnages différents. Ainsi chaque film reflétera la société de son époque. »

Pour cette aspiration profonde à rendre compte du temps présent, Joachim Trier méritait bien un hommage. En seulement quatre long-métrages, le quadragénaire s’est imposé sur la scène internationale à la fois comme un chroniqueur de sa propre génération et un formaliste audacieux.

Mélancolie du XXIème siècle occidental

Il débute avec Nouvelle Donne (2008) – programmé le 19 novembre à 17h30 au Forum, en présence du cinéaste. A travers cette chronique de l’amitié mêlée de rivalité de deux jeunes écrivains, Trier radiographie avec virtuosité sa génération, son envie d’ailleurs, son goût pour le nihilisme punk.

Puis vient Oslo, 31 août, présenté le 18 novembre à 20h30, en présence de Joachim Trier, véritable film étendard de la mélancolie du XXIème siècle occidental.

Crédit photo: Oslo, 31 août © Memento Films distribution

Avec Back Home (24 novembre à 19h), Trier signe son premier film en anglais, avec Jesse Eisenberg et Isabelle Huppert, une fresque ambitieuse qui interroge notamment notre rapport à l’actualité et aux médias.

Enfin, Thelma, que le cinéaste présentera le 17 novembre à 16h30, se pare des atours du fantastique pour questionner la place de la femme et de son désir dans la société. Espérons que, lors de sa Master Class du dimanche 18 novembre à 18h, Joachim Trier évoquera non seulement son rapport cinéphile et passionné au monde, mais aussi sa nouvelle aventure : un documentaire consacré au plus célèbre de ses compatriotes, Karl Ove Knausgaard, l’auteur du cycle en six volumes Mon Combat (éditions Gallimard).

Bain de comédie avec Fabcaro

Les lecteurs de l’auteur montpelliérain le savent bien : dans ses BD qui sont déjà des classiques - Zaï Zaï Zaï Zaï en 2015 et Et si l’amour c’était aimer, 2017, toutes deux chez Six Pieds sous terre -, Fabcaro rend compte du réel mais lui applique toujours son délicieux sens de l’absurde. En lui confiant une «Carte blanche», le Forum des images s’offre donc un bain de comédie.

La rencontre avec Fabcaro est prévue le 22 novembre à 18h30, avant la présentation de Retour vers le futur (1980) à 21h. Ce sera l’occasion de découvrir le classique de Robert Zemeckis sous un nouveau jour, en tant que générateur de fiction et d’iconographie pop.

Plongée dans un monde étrange

Place ensuite à l’humour britannique avec La Vie de Brian (1980) des Monty Python, merveilleuse parodie d’épopée biblique et réservoir inépuisable de blagues (le 24 novembre à 18h30).

Crédit photo: Réalité © Diaphana Distribution

Mais la vraie découverte sera sans doute Réalité de Quentin Dupieux, projeté en présence de Fabcaro, le 23 novembre à 18h. Un film de 2014 aussi inquiétant que drôle, l’histoire d’un cameraman joué par Alain Chabat qui se rêve en réalisateur de films d’horreur et plonge dans un monde d’une radicale étrangeté. 

 Lisa Fremont

Crédits photos portraits : Fabcaro © DR - Joachim Trier portrait © Lars Eivind Bones
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