Parents & enfants / Culture

Six stratégies pour faire aimer la lecture aux garçons

Si les jeunes garçons lisent moins que les filles, c’est dû à un certain nombre de clichés et d’habitudes quotidiennes. Quelques pistes pour inverser la tendance.

Lire davantage peut améliorer les performances en déchiffrage et en compréhension. | Pisit Heng via <a href="https://unsplash.com/photos/UsLTNuWozu8">Unsplash</a> <a href="https://unsplash.com/license">License by</a>
Lire davantage peut améliorer les performances en déchiffrage et en compréhension. | Pisit Heng via Unsplash License by

Temps de lecture: 3 minutes

Régulièrement, les enquêtes de l’OCDE soulignent que les filles affichent de meilleures compétences en lecture que les garçons. Un écart que l’on retrouve aussi au niveau national quand on consulte les données sur le sujet.

La recherche suggère que lire davantage peut améliorer les performances en déchiffrage et en compréhension. Mais, justement, les filles lisent en général plus souvent que les garçons et ont une attitude plus positive vis-à-vis de cette activité.

Les parents lisent davantage avec leurs filles, ce qui fait passer très tôt et de manière appuyée le message que la lecture est une activité destinée aux filles, tout en donnant à celles-ci une longueur d’avance. Des études récentes ont révélé que, même si les garçons lisent moins souvent que les filles, ce sont les filles qui reçoivent le plus d’encouragements à lire de la part des parents.

Comment éducateurs et parents peuvent-ils contribuer à réduire cet écart?

Pas de genre pour la fiction

Pour améliorer ces résultats en lecture et compréhension, les parents et les éducateurs peuvent chercher à créer des échos entre l’univers de leurs garçons et le monde des livres. Voilà qui a d’ailleurs engendré une discussion sur l’importance de promouvoir des livres dits «boy-friendly» censés attirer les garçons. Il s’agit en général d’ouvrages non romanesques, car on dit souvent que les garçons préfèrent lire des histoires vraies.

Mais cette affirmation n'est pas étayée par des recherches quantitatives récentes. Dans les enquêtes de l’OCDE et dans mes propres travaux, on voit au contraire que les garçons sont plus susceptibles de se tourner vers des romans que vers de la non-fiction. Encourager tous les garçons à lire des ouvrages non romanesques en partant du principe que cela répond à une préférence uniforme peut en fait conduire à des résultats négatifs.

Tout d’abord, la lecture de fictions est plus systématiquement associée à des progrès en termes d’expression et de vitesse que la lecture non romanesque. Lorsque nous disons aux garçons que les livres de non-fiction sont faits pour eux, cela peut les éloigner d’un autre type de lecture qui serait plus bénéfique pour eux.

Deuxièmement, des recherches récentes suggèrent que les lecteurs qui ne lisent pas de romans ont tendance à lire moins souvent que les lecteurs de fiction. Donc, si nous voulons augmenter la fréquence de lecture des garçons, il peut être plus efficace de les inciter à se tourner vers la fiction.

On peut aussi être encouragé à orienter plutôt les garçons vers des bandes dessinées. Bien que l’exposition à des genres variés soit bénéfique, la lecture de bandes dessinées, de courriels, de messages sur les réseaux sociaux, de journaux, de magazines et de textos n’est pas associée au même niveau de compétences en lecture.

D'autres recherches récentes mettent en avant les liens entre la lecture de fiction et le développement de traits propices à la sociabilité, comme l’empathie et l’aptitude à prendre du recul. Au lieu d’accepter les stéréotypes, nous devrions nous efforcer de répondre aux intérêts personnels de nos enfants et d’inclure la fiction dans nos conseils de lecture.

Des pistes concrètes

Voici six stratégies que vous pouvez appliquer pour rapprocher les garçons des livres:

  1. De la même manière que vos intérêts et vos opinions ne sont pas forcément celles de tous les gens de votre classe d’âge, les garçons peuvent avoir des centres d’intérêt divers et variés. Ceux-ci ne sont pas non plus immuables. Pour leur proposer des ouvrages qui puissent vraiment piquer leur curiosité, parlez régulièrement avec eux de la lecture en tant que loisir.

  2. Les écoles devraient élargir l’accès aux bibliothèques pendant les heures de classe tout au long de la scolarité. En effet, les filles sont plus susceptibles que les garçons de s’y rendre sur leur temps libre. À mesure que les enfants progressent dans leur scolarité, ils peuvent avoir moins de marge de manœuvre pour aller en bibliothèques pendant les périodes de cours, ce qui réduit l’accès des garçons aux livres. Or, la fréquentation de tels espaces est essentielle à la promotion de la lecture.

  3. Continuez à faire la lecture à vos garçons, le plus longtemps possible, car beaucoup l’apprécient. Et c’est bénéfique au-delà de la petite enfance.

  4. Ménagez des temps de lecture silencieuse à la maison et à l’école, malgré la pression de plannings serrés.

  5. Mettez des livres «papier» à leur disposition. Les garçons qui sont des lecteurs réguliers sont encore moins susceptibles que les filles de choisir la lecture sur écran. L’hypothèse selon laquelle les garçons préfèrent les écrans au papier n’est pas étayée par la recherche.

  6. Montrez l’exemple, en n’hésitant pas à lire pour le plaisir devant vos enfants.

En guise de dernier commentaire, on peut se référer à la note de l’OCDE:

«Bien que les filles aient de meilleurs résultats en lecture, qu’elles aiment lire davantage et qu’elles maîtrisent mieux les stratégies efficaces pour résumer l’information que les garçons, les différences au sein même des groupes de filles et de garçons sont beaucoup plus grandes que celles qui existent entre les sexes.»

Les parents et les éducateurs qui cherchent à renforcer les compétences en lecture des jeunes en les incitant à lire plus devraient donc se concentrer sur la manière de répondre aux besoins des enfants démotivés ou en difficulté, indépendamment de leur genre.


Article traduit par Aurélie Djavadi.

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

The Conversation

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