En ce moment, les États-Unis ont les yeux rivés sur la loterie «Big Game Mega Millions». En l’absence de victoire le 19 octobre dernier, le jackpot atteint, à l'heure de la rédaction de cet article, la somme vertigineuse de 1,6 milliard de dollars (1,4 milliard d’euros). S'il est remporté, ce sera le plus gros jackpot de l’histoire des États-Unis, dépassant le précédent record de 1,5 milliard atteint par le Powerball en 2016.
À l’idée de cette somme difficilement concevable, la plupart d'entre nous rêve de ce que nous en ferions, mais pour d'autres, une telle période peut être dure à vivre. «Pour les personnes qui sont en rétablissement [d'addiction au jeu], ce peut être un moment extrêmement difficile», explique le docteur Keith Whyte, directeur exécutif du conseil national de jeu pathologique, qui gère une hotline d’aide (l’équivalent américain de Joueurs info service, le 09 74 75 13 13). «Beaucoup d’entre eux ont l'impression qu’ils ne sont qu’à un pari de tout regagner.»
Selon l'organisme, au moins six millions d’Américains et d’Américaines présenteraient une addiction au jeu. L’année dernière, la hotline a reçu 233.000 appels, et des pics se forment lors de jackpots particulièrement élevés. «C’est comme avoir un problème d’alcool lors du nouvel an. Il y a des déclencheurs partout.»
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Une addiction à part
Si les addictions au jeu partagent des caractéristiques avec d’autres addictions, comme la drogue ou l’alcool, il y a une différence majeure: «Le jeu compulsif est une addiction psychologique, il n’y a pas de substance, rien que vous puissiez consommer, détaille Uberto Mondolfi, le directeur clinique de l’Uleru Institute, une clinique spécialisée dans la santé mentale. Les addicts doivent savoir qu’il y a des déclencheurs dehors, et c’est quelque chose qu’ils et elles ne peuvent pas contrôler, on ne peut pas leur demander de fermer leur fenêtre et d’éteindre leur télé, ce n’est pas réaliste.»
La plupart des personnes atteintes ont perdu des grosses sommes d’argent en pariant. Le jackpot que font miroiter les loteries est vu comme une solution à tous leurs problèmes. Mais «juste un ticket» pour un joueur ou une joueuse compulsive représente le même danger que «juste un verre» pour un ex-alcoolique.
Whyte, du conseil national du jeu compulsif, assure tout de même que c’est un trouble qu’il est «possible de prévenir et de soigner. Il y a de l’espoir et l’aide est disponible. Le rétablissement est possible».