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Les fausses statistiques de Facebook sur les vidéos ont causé des centaines de licenciements

Des journalistes de The Atlantic estiment que plus de 350 journalistes ont perdu leur emploi en partie en raison des statistiques données par Facebook.

MANDEL NGAN / AFP
MANDEL NGAN / AFP

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Atlantic

Selon une plainte déposée par des annonceurs américains, Facebook a fortement exagéré ses statistiques sur le temps passé par ses utilisateurs à regarder des vidéos. Le problème avait déjà été pointé par le Wall Street Journal en 2016, qui avait trouvé que les chiffres étaient gonflés de 60% environ, mais la plainte actuelle parle d'exagération de 150 à 900%. En 2016, Facebook avait rétorqué qu'il s'agissait d'une erreur de calcul, mais selon les plaignants, les archives internes de l'entreprise montrent que la direction était au courant.

En 2016, le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, avait parlé d'un «âge d'or de la vidéo» et dit qu'il ne serait pas surpris si, dans cinq ans, la majorité du contenu vu et partagé sur le réseau social serait de la vidéo. À partir de là, de nombreux médias ont décidé de licencier des journalistes qui écrivaient pour les remplacer par des spécialistes vidéo.

Deux journalistes de The Atlantic ont calculé que de 2016 à 2018, plus de 350 journalistes américains ont été licenciés «au moins en partie à cause des incitations de Facebook». Avec ses statistiques gonflées, sciemment ou pas, le réseau social avait changé la nature du marché de la publicité en ligne. 

En 2016, le site Upworthy a licencié quatorze personnes pour se concentrer sur la création de «contenu vidéo original» et quatre mois plus tard, Mashable a licencié trente employés afin de privilégier les contenus vidéos. Un peu plus tard, c'était au tour de Fusion de licencier soixante-dix personnes, en partie car leur pari sur la vidéo n'avait pas généré autant de revenus que prévu.

En 2017, Thrillist a renvoyé vingt personnes et déclaré que le média se concentrerait désormais sur la vidéo. Même chose chez Vocativ, qui a licencié vingt personnes et inauguré une stratégie de «vidéo avant tout», ou encore le site Mic, qui a licencié vingt-cinq personnes pour se concentrer sur de nouveaux formats vidéo.

Après avoir licencié soixante personnes en 2017, la direction de Vice avait déclaré: «Éliminer des emplois est nécessaire pour mettre plus de ressources dans la production de vidéos». 

«Alors que les médias essayaient désespérément de faire ce que Facebook voulait, beaucoup ont decidé de miser sur la vidéo et de licencier des dizaines de journalistes, écrivent Alexis Madrigal et Robinson Meyer dans The Atlantic. Et lorsque le nombre de vues a chuté et qu'il s'est avéré que la vidéo était un mauvais investissement, certaines entreprises ont fait marche arrière et licencié des dizaines de producteurs vidéo.»

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