Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Mary Ann Liebert, Inc., Cyberpsychology, Behavior, and Social Networking
Les rumeurs sont un invariant de la vie sociale. En tant que processus générateurs de sens, elles peuvent réduire l'anxiété et l'incertitude et nous aider à faire face à des situations inconnues. Sauf que cela a un prix: certaines rumeurs ne sont que des ragots malveillants, d'autres peuvent être véhiculées à des fins de propagande et/ou nous raconter n'importe quoi.
Mais c'est précisément parce qu'elles nous aident à «comprendre» le monde que les rumeurs ont tendance à exploser durant les situations de crise, quand il nous semble impossible de trouver du sens par les moyens habituels. Des circonstances propices à un type particulièrement retors de rumeur: les théories du complot. Croire (et dire) que de puissants agents (individus, organisations, confréries occultes) mènent des projets sinistres à l'insu du grand public permet une compréhension immédiate d'une situation autrement ambiguë: pourquoi un truc arrive, qui en profite, qui sont les coupables.
Une étude menée par Michael J. Wood, de l'université de Winchester (Royaume-Uni) exploite les outils offerts par la psychologie des rumeurs pour les appliquer aux théories du complot ayant émergé durant l'épidémie de virus Zika, de 2015-2016. Plus précisément, le chercheur s'est focalisé sur la vie de ces théories sur Twitter et sur les messages qui les ont propagées ou qui ont cherché à les désamorcer.
Son analyse, portant sur 25.162 tweets, montre que contrairement aux messages «correcteurs», les messages «propagateurs» de théories du complot sur Zika circulent sur des réseaux moins centralisés et ont plus de chances d'exploiter des arguments d'autorité et des questions rhétoriques.
Autant de redoutables carburants à suspicions nuisant par ailleurs gravement à la santé: une autre étude menée lors du pic de l'épidémie sur 140.000 tweets échangés entre le 1er janvier et le 29 avril 2016 montrait que les individus véhiculant des théories du complot sur Zika avaient le plus de risque de pâtir du virus.