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Si les journalistes ne peuvent pas visiter le Tibet, c'est à cause de l'altitude (source: l'ambassadeur de Chine)

Il est de plus en plus difficile, pour les universitaires et les journalistes, de se rendre au Tibet ou dans la région autonome musulmane du nord du pays.

Cui Tiankai, ambassadeur chinois aux États-Unis, à Washington D.C., le 24 juin 2015  | Chris Kleponis / AFP
Cui Tiankai, ambassadeur chinois aux États-Unis, à Washington D.C., le 24 juin 2015 | Chris Kleponis / AFP

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Quartz, NPR

L'ambassadeur de Chine aux États-Unis, Cui Tiankai, a une explication peu banale pour justifier qu'il soit si difficile de pénétrer dans des zones chinoises politiquement sensibles comme le Tibet. Ce serait selon lui à cause des conditions climatique et de l'altitude (et non à cause du gouvernement chinois), a-t-il avancé lors d'une interview à la radio américaine NPR.

La Chine est «ouverte aux étudiants américains, aux professeurs, journalistes et universitaires. Bien sûr, dans certains endroits comme le Tibet, à cause de la très haute altitude et du climat, cela pourrait être très difficile», a-t-il déclaré au journaliste Steve Inskeep. Circonspect, celui-ci a demandé plus d'explications, estimant que «les journalistes et chercheurs américains sont capables de s'en accommoder», étant donné qu'«aux États-Unis aussi, il y a des endroits en altitude». 

Mais pour l'ambassadeur, «tout le monde ne peut pas s'habituer rapidement à un tel climat et de telles conditions naturelles. Même les Chinois. […] Nous devons aussi protéger l'environnement local. Nous devons avoir des limites sur le nombre de personnes qui visitent chaque année».

Sort des Ouïghours

 

Cui Tiankai assure d'ailleurs que le gouvernement chinois est en train d'organiser une visite de l'ambassadeur américain à Pékin en terres tibétaines. Pourra-t-il visiter la région autonome majoritairement musulmane de Xinjiang, au nord-est de la Chine? Cela paraît encore plus délicat, car elle serait le berceau de «groupes extrémistes violents», explique Cui Tiankai –des groupes qui «essaient de créer une situation comparable à Daesh dans cette partie de la Chine. C'est très dangereux», insite-t-il. 

Interrogé sur un rapport des Nations unies à propos de camps dans lesquels sont enfermées des centaines de personnes ouïghours, une minorité musulmane sunnite, Cui Tiankai refuse de confirmer, en ajoutant que «peu importe ce que nous faisons dans cette partie de la Chine, cela est pour le bien-être et la sécurité des personnes là-bas». Ces personnes seraient «ré-éduquées», point.

Zones restreintes 

 

Si les réponses du diplomate sont quelque peu prévisibles, elles ne reflètent pas, en revanche, la réalité des zones sensibles que constituent désormais le Tibet et Xinjiang. Les visites sont devenues quasiment impossibles, et pas uniquement pour les journalistes.

Les personnes étrangères ont besoin de permis spéciaux pour aller au Tibet, où seuls les voyages en groupe sont autorisés. Les restrictions ont été mises en place en 2011 pour des raisons officielles de sécurité, et officieusement à cause des mouvements sociaux dans ces provinces. 

Pour les journalistes qui parviennent à atteindre la province de Xinjiang, couvrir ce qui se passe dans les camps d'Ouïghours peut mener à l'expulsion. En août dernier, un journaliste de Buzzfeed s'est vu refuser le renouvellement de son visa alors qu'il écrivait sur les camps. Et en 2017, un reporter du Canada Globe a même été emprisonné.

La répression concerne aussi les sources des journaux. Au mois de septembre, un Tibétain a été condamné à cinq ans de prison pour avoir parlé au New York Times. Il y dénonçait un manque d'enseignement de la langue tibétaine et un «massacre systématique» de la culture locale. Le Club des correspondants étrangers en Chine se dit «préoccupé et atterré» par cette condamnation, rapporte l'Essentiel

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