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La honte, je crois que je suis mal à l'aise avec la PMA

Parfois, sur des sujets de société brûlants, j'ai des réflexes de vieux conservateur borné.

Marche des Fiertés de Rennes, en 2018 | Amanda Hinault via Flickr CC <a href="https://www.flickr.com/photos/amandahinault/41971043315/in/photostream/">License by</a>
Marche des Fiertés de Rennes, en 2018 | Amanda Hinault via Flickr CC License by

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Parfois, je me fais l'impression d'être un vieux con de droite, un de ceux qui entrent en érection à chaque fois qu'ils ouvrent le dernier numéro de Valeurs Actuelles. Ainsi, il m'arrive d'émettre des réserves sur des sujets de société dont, en toute logique, au regard de mon parcours et de mon éducation, je devrais être l'un des plus ardents et farouches défenseurs. J'ai des scrupules, des tâtonnements, des hésitations là où normalement je devrais applaudir des deux mains. Je me fais l'effet d'un imposteur qui, sous un vernis vaguement progressiste, cacherait en fait un infâme conservateur prompt à monter sur ses grands chevaux quand on viendrait à remettre en cause les grands principes sur lesquels reposent notre société.

Ainsi de la PMA.

J'ai beau avoir lu et relu les arguments de ceux qui s'enthousiasment sur les dernières recommandations du Conseil national d'éthique publiées mardi, je ne peux m'empêcher d'exprimer des doutes qui me feraient presque honte. Quand, par exemple, je lis (page 128) que la société dans son ensemble devrait autoriser le prélèvement de sperme sur des conjoints décédés afin de permettre à la veuve de procréer dans le futur [si l'homme avait donné son consentement de son vivant, ndlr], j'en reste sidéré d'étonnement, comme si je venais d'apprendre que Jean-Marie Le Pen, à ses heures perdues, aidait des migrants à passer la frontière en douce.

Parce que tout de même, il faut être sérieusement cintré pour imaginer donner la vie à un gamin dont les seules visites rendues à son paternel consisteront à fleurir sa tombe, quelque part dans une allée reculée du cimetière municipal de l'avenue Jean Jaurès, non? J'entends bien que l'amour triomphe de tout, même de la mort; que souvent on voit rejaillir le feu de l'ancien volcan qu'on croyait trop vieux, mais il y a des limites: avoir sciemment comme père un cadavre allongé pour l'éternité dans l'intimité de son cercueil m’apparaît comme une manière quelque peu insolite de débuter dans la vie. Je ne dis pas que l'enfant, à force de converser avec le fantôme de son père, cherchera forcément, de désespoir, à s'étrangler avec sa tétine ou s'essayera à la défenestration en bondissant, à la première occasion venue, hors de son landau mais il lui faudra tout de même une sacrée dose d'optimisme pour aller dans la vie, souriant et triomphant.

Idem pour les couples de lesbiennes et leur accès facilité à la PMA.

Vous imaginez un peu le cauchemar d'être par exemple le rejeton de deux mères juives qui s'aiment d'amour fou? Ils y ont pensé à cette possibilité au Conseil national d'éthique? Déjà qu'avec une, vous êtes bon pour une psychanalyse à vie, alors avec deux, c'est la certitude soit de faire la une du Parisien sous le titre: «Drame de la PMA: Simon Abécassis tue ses deux mères, Simone et Babeth, avant de retourner l'arme contre lui». Soit de finir par croire que vous êtes vraiment un dieu vivant puisque deux personnes, et non des moindres, vous l'auront répété à longueur de journée: «Ma parole, le plus beau des enfants de la terre de l'univers que même l’Éternel il ne savait pas que c'était possible d'être beau comme ça, tu es». Avec le risque évident de fonder, une fois devenu adulte, une secte vouée au seul culte de vos deux génitrices adorées.

Songez un seul instant à la malheureuse qui finira par épouser cet individu, lequel aura eu le redoutable privilège d'avoir passé son enfance à entendre ses deux mamans adorées lui dire: «Je t'en prie Simon, il fait froid aujourd'hui, mets ta cagoule, dit l'une, je serai plus tranquille. Par pitié, Simon, si tu aimes ta mère, renchérit l'autre, tu as vu comme le temps est glacial, fais-moi plaisir, sors avec un sac sur la tête pour ne pas risquer de prendre froid».

Sans parler des problèmes d'obésité quand il faudra se resservir encore et encore du couscous jusqu'à ce que les deux mères soient enfin satisfaites.

C'est comme cette histoire d’autoconservation des ovocytes. C'est quoi encore ce truc, la dernière nouveauté de chez Picard?

C'est-à-dire, au lieu d'avoir une mère dans la force de l'âge, pétulante et pleine de vie, tu vas l'échanger contre une grand-mère édentée qui à l'âge de soixante-quinze ans, réalisera que la solitude ne sied guère à son âge et s'en ira féconder un moutard qu'elle trimballera au jardin d'enfants, dans le panier de son déambulateur? Tu parles d'un cadeau.

En même temps, vu que je n'ai pas d'enfant et n'en veux à aucun prix, qu'est-ce que je peux bien y comprendre moi à toutes ces histoires de PMA?!

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