Égalités / Société

Le MMA instrumentalisé par les mouvements suprémacistes et identitaires

La discipline permet de recruter de nouveaux membres.

Certains suprémacistes imaginent se préparer à une guerre totale.| Rotem Kuperman via Pexels CC <a href="https://www.pexels.com/photo/b-w-boxing-gym-old-school-980434/">License by</a>
Certains suprémacistes imaginent se préparer à une guerre totale.| Rotem Kuperman via Pexels CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Guardian

Charlottesville, août 2017, des hommes blancs se rassemblent et crient: «Ils ne nous remplaceront pas». Ils? Les personnes noires, arabe, juives, musulmanes, étrangères; en somme celles que les suprémacistes considèrent comme appartenant à une race inférieure. Parmi les groupes présents à Charlottesville se trouve le Rise Above Movement ou RAM, «le mouvement qui s'élève», un groupe qui se présente comme le premier club d'extrême droite qui pratique le MMA (arts martiaux mixtes).

Basé en Californie du sud, sa cinquantaine de membres se définit comme un «fight club» qui se réunit dans un lieu secret et s'entraîne aux sports de combat. Visages masqués et poings bandés au scotch, ils infiltrent les manifestations anti-racistes avec des pancartes «Rapefugees, vous n'êtes pas les bienvenus» [«Rapefugees» étant un mot valise, contraction de «rape», «viol» et «fugees», «réfugiés», ndlr] et cherchent à provoquer des bagarres. Des vidéos de propagande en sont ensuite tirées puis diffusées sur les réseaux sociaux. Sur Youtube, la plupart sont indisponibles après avoir été signalées.

Capture d'écran du site ProPublica, photo issu du compte Instagram de RAM, supprimée depuis

Le MMA devient un moyen pour les suprémacistes de se préparer au combat contre «le monde moderne» corrompu par «les influences culturelles destructrices des libéraux, juifs, musulmans et immigrés non-blancs», raconte le Guardian. RAM s'étend maintenant hors des frontières américaines. Le groupe a récemment fait un «tour d'Europe» et visitait divers pays européens pour «créer un pont entre les deux scènes nationalistes».

Tour d'Europe

 

L'un de arrêts du tour était le festival «Schild und Schwert» ou SS, festival où un millier de néo-nazis et suprémacistes blancs se sont retrouvés en l'honneur de l'anniversaire d'Adolf Hitler en avril dernier. Concerts de heavy metal, discours politiques et tournoi de MMA étaient au programme. Le «Kampf der Nibelungen», club de MMA allemand qui a organisé les combats, défend l'art de se battre pour survivre.

Une première apparition publique pour le club qui organise depuis 2013 des combats en secret qui drainent de plus en plus de monde –600 personnes en 2017. Thorsten Heise, l'un des organisateurs du festival, avait alors expliqué à Vice News que c'était un bon moyen de recruter de nouveaux militants: «On voit beaucoup de jeunes gens en Europe qui ne sont pas intéressés par les drogues, mais ils sont intéressés par la bagarre –dans un ring, avec des règles. Particulièrement dans la scène nationaliste, c'est le style: être en forme, avoir un beau corps. On adore ça, et les combattants MMA aussi.»

Les membres de RAM sont aussi passés par Kiev, en Ukraine, où ils ont rencontré Denis Nikitin qui a fondé en 2008 l'un des premiers clubs de MMA néo-nazi, le White Rex, puis par Lyon, pour rencontrer les membres d'Agogé, une salle de boxe nationaliste fondée par Génération Identitaire. Le mouvement a également inspiré le Québec avec un groupe nommé Atlante qui a ouvert un fight club secret. Au mois de mai, ses membres avait envahi la rédaction locale de Vice et intimidé les journalistes. Le leader du groupe avait été arrêté par la police. En revanche, aucune démarche n'a été entreprise pour faire fermer le club.

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