Santé

Les dangers de l'opération de chirurgie esthétique des fesses expliqués par un professionnel

Le BBL, «Brazilian Butt Lift», aurait le taux de mortalité le plus élevé de toutes les opérations de chirurgie esthétique.

Ceci n'est pas une paire de fesses  | Charles Deluvio via Unsplash CC <a href="https://unsplash.com/photos/sPle0BAw_ss">License by</a>
Ceci n'est pas une paire de fesses | Charles Deluvio via Unsplash CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Conversation

Le Brazilian Butt Lift a été tristement rendu célèbre il y a peu par le «docteur Bumbum» (docteur Popotin), surnom d'un chirurgien brésilien qui a provoqué la mort de plusieurs patientes et opérait depuis son appartement. 

Le Brazilian Butt Lift ou BBL est une opération de chirurgie esthétique du fessier dans le but de l'élargir, le lisser ou encore de le rendre plus rebondi. En cinq ans, le nombre d'opérations de ce genre a doublé dans le monde. Aux États-Unis, un chirurgien américain basé à Miami a été banni de l'ordre des médecins après avoir provoqué le décès d'une patiente sur la table d'opération. Selon l'association américaine de chirurgie plastique, le BBL a le taux de mortalité le plus élevé de toutes les opérations de chirurgie esthétique.

En quoi consiste l'opération? 

 

La procédure est relativement simple, elle consiste à prélever de la graisse dans une autre partie du corps pour la transférer dans les fesses. Parfois, elle est pratiquée pour des raisons non esthétiques: après une perte de poids ou un trauma pelvien, explique le professeur de chirurgie esthétique, Jim Frame pour The Conversation

Pour que l'opération soit efficace, la graisse doit être injectée dans un tissu fourni en sang; elle peut survivre dans de la graisse mais a plus de chance de rester en place si elle est insérée dans le muscle –or c'est ici que les risques sont les plus grands.

Injecter de la graisse dans le fessier peut créer de graves problèmes, notamment une embolie si elle pénètre le système sanguin et bloque une veine. Dans les poumons ou dans le cerveau, elle peut bloquer l'oxygénation et être fatale. Le volume de graisse peut aussi être important et dépasser la limite recommandée de 300 ml dans le cadre de certaines opérations. 

Embolie graisseuse 

 

Un sondage de 2017 effectué sur 692 professionnels de la chirurgie esthétique à travers le monde a montré que ceux pratiquant le BBL reportaient trente-deux cas mortels à la suite d'une embolie graisseuse et 103 cas de complications non-mortelles au long de leurs carrières. Mais le professeur Jim Frame estime que beaucoup d'autres ne sont pas rendus publics. 

Le taux de mortalité pour cause d'embolie graisseuse liée au Brazilian Butt Lift a été estimé à un cas sur 3.000. En 2015, les scientifiques responsables d'une étude sur les causes de mort recommandaient d'éviter les injections profondes dans les muscles, car pendant l'opération, les vaisseaux sanguins peuvent être endommagés et permettre ainsi à la graisse de pénétrer dans le système sanguin, provoquant une embolie. 

Depuis 2010, les cas de six femmes décédées des suites de leur opération BBL en Floride inquiètent. L'embolie graisseuse a été identifiée comme cause de mort. Pour le cas le plus récent, la graisse aurait été injectée de manière trop profonde, endommageant le système sanguin de la patiente. 

Pourtant, l'injection graisseuse est une pratique assez standard en chirurgie esthétique, notamment celle de la poitrine, sans pour autant que cela ait provoqué de morts. D'autres facteurs seraient donc responsables des morts liées aux BBL.

La plupart des morts ont en fait été causées par des praticiens et praticiennes insuffisamment qualifiées ou dans des lieux non-approuvés comme des maisons ou des garages. De mauvaises conditions d'opération peuvent entraîner septicémies ou gangrène, également fatales.

Le professeur Jim Frame recommande de s'interroger sur les risques avant de prétendre à une opération. «Dans une société obsédée par la beauté et la célébrité, la procédure reste populaire, malgré les risques», explique-t-il. C'est finalement aux chirurgiens et chirurgiennes d'informer correctement les patients et patientes et de s'assurer des conditions optimales d'opération. 

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