Le journalisme local américain va mal: de nombreuses zones constituent des «déserts informationnels», des villes ou villages manquant cruellement d'une couverture de l'actualité de proximité.
Si la population fait majoritairement plus confiance aux médias locaux qu’aux médias nationaux, ces journaux et télévisions, piliers de leurs communautés, sont aujourd’hui victimes de la crise économique que traverse tout le secteur. Et moins de recettes, c'est moins de journalistes, donc moins de temps consacré au terrain.
Une équipe de recherche de Sanford a étudié une centaine de communautés de 20.000 à 30.000 habitantes et habitants, en se basant sur plus de 16.000 articles de journaux, radios et télévisions locales. Elle a découvert que seulement 17% des informations concernaient réellement les environs de leurs zones de diffusion –des informations pourtant primordiales, puisqu’aucun autre média ne viendra en parler à leur place.
Rôle vital pour les communautés
Souvent méprisés par leurs pairs, les médias locaux jouent un rôle vital. Leur couverture de l’administration locale, l’éducation ou la santé est particulièrement importante pour la population. Si bien que dans les «déserts informationnels», on constate que la cohésion sociale diminue, tout comme la participation aux élections, explique Bloomberg.
L'investigation sur les administrations locales n'étant pas assurée, certaines villes ont vu leurs budgets destabilisés: loin des regards des journalistes, les municipalités peuvent parfois déraper.
Pour ajouter à la crise, les médias locaux qui disparaissent sont remplacés par des programmes d'une qualité contestable. Les chaînes de télévision locales comblent par exemple leurs grilles en diffusant des programmes par syndication.
L’année dernière, le journaliste et comédien John Oliver avait dédié une émission à Sinclair Broadcast Group, l’un des plus gros propriétaires de télévisions locales, qui impose à ses agences de diffuser des segments très conservateurs.