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La part de responsabilité d'Instagram et Airbnb dans le tourisme de masse

Pour le meilleur et pour le pire.

Où est Charlie?   | Harald Groven via Flickr CC <a href="https://www.flickr.com/photos/kongharald/3831078255">License by</a>
Où est Charlie? | Harald Groven via Flickr CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur New York Times

Vos collègues et proches sont rentrés de leurs vacances en Grèce, en Italie ou encore en Espagne et vous ont rapporté le même sentiment d'être un ou une touriste parmi tant d'autres. Il y a encore quelques années, il était possible d'être relativement tranquille en vacances, alors qu'aujourd'hui la chose paraît plus ardue, tant les technologies permettent de voyager différemment et à moindre coût.

Voyager est devenu un véritable loisir, largement partagé sur les réseaux sociaux. En Europe, le tourisme international a augmenté de 7% sur la période de janvier à mars 2018 comparé à 2017, selon les données de l'organisation mondiale du tourisme.

L'augmentation des touristes n'est plus que rarement accueillie comme une bonne nouvelle et les voyageurs et voyageuses sont de plus en plus accusées d'abimer les villes. «Le niveau de tourisme dégrade le plaisir des résidents mais aussi l'expérience des touristes, parce que le touriste qui fait en permanence la queue derrière les sacs à dos de centaines d'autres touristes ne découvre pas la réalité et l’authenticité du lieu», explique Justin Francis, le directeur de Responsible Travel, une entreprise qui organise des voyages «durables».

Internet et réseaux sociaux 

Le coût des vols a diminué, des bateaux toujours plus gros embarquent toujours plus de touristes dans des croisières –obligeant par exemple Venise à les bannir de son centre. Et internet met à disposition la réservation en ligne, de nombreuses critiques, des plans détaillés, le partage ou l'échange de logements. Quasiment toutes les étapes d'un voyage sont accessibles et démocratisées.

Pour Justine Francis, «on ne peut plus parler de tourisme de masse sans mentionner Instagram et Facebook. Je pense que ce sont des grands facteurs de cette tendance». Si le tourisme a été un temps une recherche d'expérience, «maintenant, il est alimenté par la photographie et les réseaux sociaux pour se construire une marque personnelle. Dans un sens, pour beaucoup, les photos de voyages deviennent plus importantes que l'expérience en elle-même».

Les raisons du tourisme de masse sont si nombreuses et variées qu'elles deviennent plus difficiles à réguler. Finalement, la gestion d'une région touristique est semblable à celle d'une ressource naturelle: il faut réussir à maintenir un nombre de touristes raisonnable pour la survie de l'économie locale, sans adopter de réformes trop décourageants pour l'ensemble des voyageurs et voyageuses, mais sans non plus faire exploser ce nombre.

Comment réguler? 

 

C'est pour cela que le combat pour la régulation d'Airbnb est complexe, explique le New York Times. En Hollande, les autorités tentent de limiter le nombre de nuits par résidence de soixante à trente par année. D'autres villes comme Londres et Barcelone ont institué des régulations semblables. En 2017, 12% des réservations de chambre dans le monde ont été effectuées grâce au site (18% pour Barcelone).

Mais l'entreprise se défend en attestant que son service permet de produire des expériences de voyage plus authentiques que celles via les hôtels, car les logements seraient mieux répartis dans les villes. Chris Lehane, vice-président des relations publiques d'Airbnb, estime que «les hôtes restent plus longtemps que ceux qui vont à l'hôtel et ils contribuent plus largement à l'économie». Il assure que les relations avec les villes les plus visitées s'améliorent. L'entreprise a accepté de retirer des milliers d'annonces et de mettre en place un système de taxe à Barcelone.

Mais pour Jonathan Tourtellot, fondateur du Centre de gérance environnementale, association qui milite pour la promotion du tourisme durable, le problème avec Airbnb réside dans «les annonces qui ne sont pas du partage, celles de personnes qui achètent des appartements et les louent tous comme cela. [...] Les villes font toujours la même taille qu'en 1959», mais au lieu de vingt-cinq millions de voyages à l’international par an, on en compte aujourd'hui 1,3 milliard.

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