Parents & enfants / Monde

Le gouvernement britannique accusé d'être inactif face aux mariages forcés à l’étranger

«Il ne fait aucun doute que des milliers de jeunes femmes ne retourneront pas à l’école en septembre»

150 nouveaux cas de mariages forcés ont eu lieu sur la période de mai à juillet | PETER KNEFFEL / DPA / AFP
150 nouveaux cas de mariages forcés ont eu lieu sur la période de mai à juillet | PETER KNEFFEL / DPA / AFP

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La période des grandes vacances est très propice aux mariages forcés et le gouvernement britannique est accusé de ne rien faire pour freiner ce phénomène, en forte croissance, en particulier par l'association Karma Nirvana. En cause, l’abandon d’une campagne de prévention en direction des jeunes filles emmenées à l’étranger pour être mariées de force. Un retrait gouvernemental qui intervient en plus au moment où le phénomène est le plus important.

Dans un entretien au quotidien britannique The Independent, l'association révèle que 150 nouveaux cas de mariages forcés ont été répertoriés entre mai et juillet, soit un tiers de plus par rapport à la même période en 2015.

«Un crime caché»

Et ces chiffres ne montrent qu’une partie du problème, la plupart restant invisibles –le ministère de l'intérieur parle de «crimes cachés». Jasvinder Sanghera, fondatrice de Karma Nirvana a d'ailleurs mis en garde l'opinion: en septembre, des milliers de jeunes filles ne retourneront peut-être pas à l’école, prévient-elle.

Madame Sanghera dénonce le report de cette campagne: elle aurait permis de donner la parole aux victimes pour sensibiliser l’opinion publique en mettant en avant les récits de ces jeunes femmes emmenées dans leur pays d’origine sous prétexte de rendre visite à d’autres membres de leur famille. «Il existe des cas où individus sont mariés alors qu’ils pensaient assister simplement à une fête».

Les écoles: un lieu prévention

L'école semble être le lieu où la prévention est la plus efficace: «Nous leur écrivons, nous nous y rendons et une personne témoigne devant les élèves. En moyenne, à chaque école que nous visitions, trois personnes révèlent en avoir été victimes».

Mais Madame Sanghera a fait face à de nombreux refus de la part de différents établissement. «Très peu d’écoles sont prêtes à s’engager» affirme-t-elle.

De leur côté, les enseignants semblent perdus face à ce phénomène. Au collège de Islington, une professeure affirme anonymement n'avoir jamais reçu de formation sur ce sujet et n’avoir jamais été prévenue qu’il fallait être en alerte durant la période qui précède les vacances scolaires: «Les formations que nous recevons sont tellement pauvres que certaines personnes de l’école n’ont aucune idée de la manière dont on peut reconnaître les signaux».

Le but de ces mariages forcés: obtenir la nationalité britannique

Rubie, qui a subi un mariage forcé, raconte comment elle a dû quitter le Royaume-Uni pendant les grandes vacances: «Mes petites soeurs et moi-même avons été emmenées au Bangladesh pour les vacances, mais nous y sommes finalement restées onze mois. [...] Durant les six premiers mois j’ai découvert la culture de mes parents et leur pays de naissance; c’était avant que mon père ne m’annonce que je serai mariée». Elle poursuit: «J'ai été mariée à un homme qui avait deux fois mon âge. J’ai été violée jusqu’à tomber enceinte, une garantie pour que mon enfant soit considéré comme britannique. Tout cela afin de permettre à cet homme de se rendre au Royaume-Uni en toute légalité

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