Société / Culture

La couleur noire disparaît progressivement des garde-robes féminines

Les couleurs vives ont de plus en plus de succès.

En toute simplicité  | Clarke Sanders via Unsplash CC <a href="https://unsplash.com/photos/ybPJ47PMT_M">License by</a>
En toute simplicité | Clarke Sanders via Unsplash CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Guardian

Il suffit de visiter quelques sites internet de grands magasins pour s'en rendre compte. Un arc-en-ciel de couleurs s'offre aux consommatrices. TopShop met en avant des plumes colorées et des imprimés léopard décalés. Un peu partout, cerises, tomates, pastèques, flamants roses s'appliquent sur les robes, jupes et petit hauts. Zara et Mango mettent en avant le jaune, l'émeraude et le bleu-canard. Le statut intemporel du noir, nuance indéniable du chic, serait-il obsolète?

Rien à voir avec l'été, ni même avec la canicule. Depuis des mois, la mode vit au rythme des couleurs. Selon le cabinet de tendances WGSN, les vêtements de couleurs vives représentaient 16% du marché britannique il y a deux ans, aujourd'hui c'est plus de 20%. Entre avril 2017 et 2018, la part des vêtements de couleur noire dans les achats a baissé de 10 points. C'est le jaune qui réalise les meilleures performances avec une augmentation de 50% entre 2017 et 2018.

Couleurs politiques

 

Florance Allday, analyste pour Euromonitor international, prédit que la proportion de vêtements noirs «va décroitre progressivement des rayons des commerçants». Elle perçoit un changement dans nos modes de vie: «Maintenant le bureau peut être un peu partout, les frontières entre le formel et l'informel, le travail et la maison se floutent». Porter de la couleur «n'est plus vu comme frivole, excentrique ou inapproprié».

Visiblement, les réseaux sociaux jouent aussi un rôle important dans la valorisation des couleurs. Comment mieux se faire remarquer dans un fil d'actualités bondé qu'en portant une couleur flashy? Dans le monde de l'image, les couleurs sont les reines de la photographie. 

Porter des nuances vives deviendrait progressivement un moyen d'affirmer son individualité. Les fabricants répondent à cette demande en prévoyant plusieurs couleurs pour le même modèle, afin que chaque cliente puisse choisir la sienne.

La couleur n'est plus perçue comme superficielle, elle est même politisée, symbole d'identité et d'humeur. Elle envahit les manifestations, rose pour les «pussy hats», rouge pour la journée internationale des droits des femmes, orange contre les armes, etc. 

Couleurs féministes? 

 

On impose de moins en moins aux femmes de porter du noir pour «avoir l'air plus mince» ou pour se fondre dans le décor. D'abord associé aux deuils puis aux femmes de «petite vertu», le noir a vu son destin transfiguré par Coco Chanel qui en fait un uniforme pour toutes les femmes avec sa «petite robe noire» en 1926. Le noir devient synonyme d'absence de faute de goût et de prise de risque.

Susie Orbach, sociologue et autrice, explique que le noir est codé, symbolisé par l'héroïne de Diamants sur Canapé, Audrey Hepburn. «L'image de cette gamine, mignonne et sophistiquée dans sa robe noire. Ce qu'il y a là-dedans c'est la minceur, qui, bien sûr est déterminante dans la représentation de la féminité depuis des années.»

Mais pour elle, porter du noir ou non n'est pas plus un combat féministe: «Il n'y a aucun différence quand on parle de vêtement. C'est toujours par rapport à “comment je me représente”. Il y a toujours un œil interne qui juge, que la mode soit ce dont vous avez besoin pour vous démarquer ou pour avoir l'air svelte et sophistiquée».

Naomi Wolf, autrice du Mythe de la beauté, est plus optimiste: «Si les femmes adoptent la couleur, cela suggèrent qu'elles croient pouvoir être prises au sérieux sans forcément porter de noir. [...] Si les gens ne choisissent plus leurs vêtements juste pour avoir l'air plus fins, je pense que c'est politiquement important».

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