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L'«orbiting» peut vous faire aussi mal que le «ghosting»

Quelqu'un disparaît de votre vie, vous ignore, mais apparaît toujours dans votre vie numérique.

Schéma de votre vie numérique / montage Slate  | Capture d'écran via Youtube CC <a href="https://www.youtube.com/watch?v=4yzraWw8mrc">License by</a>
Schéma de votre vie numérique / montage Slate | Capture d'écran via Youtube CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur NBC News

Votre ex aime encore tous vos posts et toutes les photos que vous partagez sur les différents réseaux sociaux. Son activité apparaît toujours dans votre fil d'actualité et vous recevez des notifications –systématiquement. C'est agaçant, ça donne encore un peu plus l'impression de ne pas décrocher, de ne pas réussir à tourner la page. Cela s'appelle l'«orbiting». 

Le terme a été popularisé par le magazine Man Repeller. La journaliste Anna Lovine y décrit l’attitude de Tyler, un homme avec qui elle a partagé quelques rencards mais qui a cessé de répondre à ses messages. Pourtant, Tyler continue de regarder ses stories Snapchat et Instagram, rappelant à la journaliste cet échec sentimental. Elle décrit l'«orbiting» comme le moment où «on est suffisamment proche pour se voir mais pas assez pour se parler».

Que ce soit lors d'une dispute amicale, familiale ou amoureuse, si les personnes restent connectées sur les réseaux sociaux, alors elles continuent de se voir apparaître, de se liker, de s'observer, même sans se parler.

«Les réseaux sociaux sont la télé-réalité des gens qu'on connaît»

La journaliste Taylor Davies a interrogé, pour NBC News, la psychologue Michelle Crimins afin de comprendre pourquoi les gens agissent ainsi. «En tant qu'êtres sociaux, nous avons des tendances très voyeuristes. On est conditionnés à faire des commerages et il y a beaucoup de cela. Avant, on avait les tabloïds puis il y a eu la télé-réalité. Maintenant, les réseaux sociaux sont la télé-réalité des gens qu'on connaît.»

Taylor Davies explique que c'est presque intrinsèque à la nature humaine d'être curieux ou curieuse des personnes qui nous sont proches. Par ailleurs, les réseaux sociaux créent une proximité superficielle qui donne le sentiment qu'il est nécessaire de rester connecté.

«Hey, je suis là!»

 

«Les gens veulent rester important dans vos têtes, c'est une façon de rappeler qu'on existe. Cela peut aussi être une manière détourné de dire “hey, je suis là”, en espérant une attention réciproque», explique Michelle Crimins. Anna Lovine voit aussi une sorte de démonstration de pouvoir, une façon d'empêcher la personne de passer à autre chose, ou du moins d'essayer.

Pour la psychologue, c'est surtout le message confus que l'«orbiting» relaie qui perturbe les personnes. «Les gens se demandent constamment comment les autres utilisent les réseaux sociaux, ce que signifie être connecté pour les autres. C'est difficile de ne pas se poser de questions.» Cela peut créer de l'énervement mais aussi de l'espoir. On pense que quelqu'un s'intéresse à nous parce qu'il regarde ou aime nos publications.

C'est ce que la psychologue appelle un «biais de confirmation», quand quelqu'un cherche sur les réseaux sociaux des preuves de ce qu'il ou elle croit déjà. Si on imagine que c'est pour nous empêcher de passer à autre chose qu'une personne agit ainsi, alors on interprétera le moindre signe en ce sens.

La psychologue donne quelques conseils pour s'en sortir:

  • Ne pas trop interpréter, le «biais de confirmation» enclenche des scénarios qui ne sont pas toujours les bons. Si vous ne pouvez pas vous en empêcher, établissez des frontières.
  • Bloquez, arrêtez de suivre ou mutez les comptes des personnes dont vous voulez vous s'éloigner.
  • Arrêtez d'orbiter les autres, vous aussi. On sait que vous le faites.
  • Prenez un peu de recul sur votre façon de consommer les réseaux sociaux et demandez-vous: «est-ce que cela me fait vraiment du bien?»
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