Société

Le mariage de Harry et de Meghan ou la royale apogée du vide

[BLOG You Will Never Hate Alone]Le mariage princier et le tintamarre qu'il a suscité aura marqué l'humanité par son extraordinaire insignifiance.

Meghan Markle et le prince Harry, jeune mariés, quittent le château de Windsor après leur mariage qu'on a bien aimé regarder, nous, à la rédaction, contrairement à notre collaborateur, auteur des lignes ci-dessous. | Steve Parsons / POOL / AFP
Meghan Markle et le prince Harry, jeune mariés, quittent le château de Windsor après leur mariage qu'on a bien aimé regarder, nous, à la rédaction, contrairement à notre collaborateur, auteur des lignes ci-dessous. | Steve Parsons / POOL / AFP

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Il existe une limite à ce qu'un être humain, normalement constitué, peut endurer. Il saura supporter la torture, la médisance, la maladie, les coups du sort successifs, les deuils et les morts, la fuite du temps, la vieillesse, la perte des repères, tout ce que bon vous semble —la liste est infinie; seule une chose pourra l'atteindre dans son inexpugnable intégrité: un mariage de deux ahuris qu'on vous sert à toutes les sauces au point d'avoir envie d'étrangler les deux tourtereaux et de jeter leurs dépouilles dans la première décharge publique.

Car enfin, il faudra m'expliquer en quoi les fiançailles de deux personnes dont je me fous complètement, dont toute la planète si elle avait quelque sens de l'honneur serait bien inspirée de se foutre pareillement, devraient ainsi monopoliser l'attention jusqu'à envahir la une des quotidiens les plus sérieux et déclencher une vague d'hystérie telle qu'on en vient à se demander si finalement la vie vaut vraiment la peine d'être vécue.

Ce ne fut pas un mariage, ce fut une orgie de débilités en tout genre, une avalanche de situations aussi grotesques que pathétiques qui virent s'unir deux êtres qui nés dans d'autres circonstances, passeraient pour si anodins que les pigeons s'économiseraient de leurs chiures à l'heure de les survoler. 

Matraquage insensé

Qu'ai-je donc fait pour subir ce matraquage insensé, cet étalage de vulgarités, ce sommet de crétinerie qui en temps normal aurait dû ravir les seuls lecteurs et lectrices de Point de Vue et qui, par je ne sais quel dérèglement des mœurs occidentales, s'est invité à la une de l'actualité comme si le sort du monde en dépendait? Que les sujets de sa gracieuse Majesté puissent y trouver une quelconque satisfaction, je puis encore le concevoir, mais les autres, tous les autres, ceux qui n'ont pas à subir le joug de cette monarchie débilitante, n'ont-ils pas autre chose à accomplir dans leurs vies que de passer des heures devant leur téléviseur à assister à pareil événement qui dans l'échelle humaine a dû compter autant que les poussées d'urticaire de quelques chimpanzés accrochés aux branches de leurs arbres?

Faut-il rappeler que ce jeune homme dont je ne peux me résoudre à énoncer le prénom de peur d'offenser les touches de mon clavier doit son seul renom au fait d'être le croisement d'une gouttelette de foutre éjectée par le vit d'un Prince Charles dont la seule évocation de sa possible participation à quelque activité vaguement sexuelle suffirait à rendre abstinent le premier des pornographes, étincelle de sperme royal qui s'en alla banalement croiser l'ovule d'une princesse assez téméraire dans ses amours pour avoir consenti à épouser ce grand dadais aussi insignifiant à contempler qu'une asperge ressassant son amertume dans une eau bien trop cuite.

L'humanité est-elle tombée aussi bas qu'elle trouve quelque exaltation à contempler ces épousailles d'un autre âge, quand les peuples asservis et saturés de malheur n'avaient d'autre satisfaction dans la vie que de songer à ces amours princiers dont la seule évocation suffisait à nourrir leurs rêves de ce parfum de poésie qui manquait tant à leurs existences serviles.

La mort de Dieu, l'entrée dans un siècle où tout va trop vite - les hommes comme le temps - l'immersion dans une société de plus en plus demandeuse d'efforts, signifie-t-elle que nous allons passer ce qui nous reste comme temps libre à nous ébaubir devant le spectacle imbécile de deux individus que rien ne distingue de la masse grise de la population, si ce n'est leur hérédité ou leurs origines, et qui se sont trouvé assez de points communs pour prétendre à une union des plus stériles puisque contrairement à son glorieux aîné, son frère quoi, le nouveau marié a autant de chances d'accéder au trône que moi de parader dans un carrosse au bras de je ne sais quelle princesse exotique.

Aussi Dieu Tout-Puissant, si tu existes, veuille pour une fois exaucer mon vœu le plus cher et fais que jamais, tu m'entends jamais, ces deux cloportes ne parviennent à engendrer quelques moutards dont à n'en pas douter ils viendront nous inonder de leurs clichés d'une manière si démonstrative que le malheureux que je suis n'aura d'autre choix que de s'introduire dans leur palais et les ébouillanter vivants.

Vous voilà prévenus !

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