Égalités / Culture

Les livres écrits par des femmes sont presque deux fois moins chers que ceux écrits par des hommes

Publier un livre sous nom masculin pourrait vous faire gagner 9% de recettes en plus.

<a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Career_woman.jpg">Un bas bleu, d'après Honoré Daumier («Femme négligeant sa famille»)</a> | Wikimedia Commons<a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Career_woman.jpg">License by</a>
Un bas bleu, d'après Honoré Daumier («Femme négligeant sa famille») | Wikimedia CommonsLicense by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Fast Company

Bibliophiles à petit budget, tournez-vous vers les femmes: en moyenne, un livre signé par une femme se vend jusqu'à 45% moins cher qu'un autre, signé par un homme.

Si le prix des livres ne reflète guère le salaire de ceux et celles qui les écrivent, il demeure symptomatique de la discrimination et de l'inégalité entre les sexes à l'œuvre dans la société comme dans l'industrie du livre.

Les livres d'auteures moins valorisés

Menant une étude comparative des milieux de l'édition indépendante et traditionnelle, la chercheuse Dana B. Weinberg et le chercheur Adam Kapelner ont pris pour échantillon près de deux millions de livres publiés en Amérique du Nord entre 2002 et 2012, répertoriés dans la base de données de Books in Print, afin d'«examiner les mécanismes derrière la dévaluation systématique du travail des femmes par rapport à celui des hommes».

Celle-ci s'exprime à trois niveaux dans l'industrie du livre: dans la sélection des signatures selon les genres littéraires, dans la différence de prix des livres selon leur genre, considéré comme féminin ou non, et dans la différence de prix des livres de même genre et même format selon le sexe de la personne qui les signe, homme ou femme.

«Par le passé, les éditeurs et les contrôleurs associés déterminaient la valeur culturelle d'un livre donné, fixaient le prix et décidaient de ce qui serait ou non publié. Maintenant, n'importe qui peut publier et commercialiser un livre. Dans l'édition indépendante, les auteurs choisissent eux-mêmes les classifications de genre de leurs livres, combien investir dans la production et la distribution, et quels prix fixer, bien qu'il y ait une influence de la part des plateformes», expliquent les auteurs.

Les éditions indépendantes entre deux eaux

Soulignant la «démocratisation de l'industrie du livre» qu'ont apporté les éditions indépendantes, ils relèvent pourtant que ces dernières reproduisent, quoiqu'à bien moindre échelle, les schémas de discrimination genrée présents dans l'édition traditionnelle. Contre une différence de prix de 45% entre les livres signés d'un nom d'auteur ou d'auteure dans les éditions traditionnelles, les éditions indépendantes en produisent une de «seulement» 7%.

Des plateformes comme Kindle Direct Publishig, Barnes and Noble et Kobo ont ouvert de nouveaux horizons et marchés d'autopublication pour les auteurs. Or cette possibilité de mise en relation plus directe avec la clientèle demeure médiatisée par ces plateformes, qui ne garantissent pas quant à elle la protection des maisons d'édition:

«Dans la mesure où les préférences du marché, plutôt que les préférences des entreprises, alimentent les mécanismes de discrimination dans l'économie traditionnelle, les disparités entre les sexes dans l'économie traditionnelle se reproduiront dans la gig economy [“économie de concert“] alors que les travailleurs sont plus directement confrontés au marché.»

L'étude avance alors un effet de balance entre les préférences discriminatoires qui ont cours sur le marché, et le fait que les écrivains indépendants fixent eux-mêmes le prix de leurs œuvres.

Pour autant, dans ce cas, les revenus mêmes touchés par les auteurs conservent un écart homme/femme de 9% dans les éditions traditionnelles, et de 4% dans les éditions indépendantes.

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