Société / Économie

Faut-il détruire les écoles de commerce?

«Il y a environ 13.000 écoles de commerce dans le monde. C’est 13.000 de trop. Et j’en sais quelque chose, j’y ai enseigné pendant vingt ans.»

C'est un ancien enseignant qui le dit. | Nathan Dumlao via Unsplash <a href="https://unsplash.com/photos/xPHmmVKS8lM">License by</a>
C'est un ancien enseignant qui le dit. | Nathan Dumlao via Unsplash License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Guardian

Les écoles de commerce sont souvent la cible de critiques: «Grande magouille», «Excellentes, les écoles de commerce? Mon œil!», «Mauvais rapport qualité-prix» ou encore «Hautes. Imbécilités. Capitalistes» –un clin d’oeil à une des plus grandes écoles de commerce de France, HEC. Pour certains, elles sont le symbole de l’américanisation de l'Europe, pour d’autres la cause de la crise financière de 2008.

Pour Martin Parker, professeur au Département de gestion de l'Université de Bristol, ces écoles représentent un réel problème: «Il y a environ 13.000 écoles de commerce dans le monde. C’est 13.000 de trop. Et j’en sais quelque chose, j’y ai enseigné pendant vingt ans. Pour moi, il faut toutes les fermer», explique-t-il. 

D’après The Guardian, la grande majorité des critiques envers ces écoles viennent de l’intérieur, surtout en Amérique du Nord: des enseignants –toutefois pas aussi radicaux que Martin Parker– pensent que ces établissements sont rongés par de nombreux maux: corruption ambiante, mauvais enseignements et un sentiment d'invicibilité de la part des étudiants qui pensent qu'il suffit de payer pour avoir un diplôme. 

Des critiques qui passent inaperçues

Malgré tout, Martin Parker, signataire de l’article «Pourquoi il faut passer le bulldozer sur les école de commerce» pour The Guardian, explique que ces «opinions dissidentes» sont encore minoritaires au sein de ces institutions. Le vrai problème est que les critiques énoncées passent souvent inaperçues:

«Tout est fondu dans la masse. C'est pour dire, il y a même des carrières qui se forment en critiquant les écoles de commerce. Même des publications comme Against Management et Fucking Management ne portent pas préjudices aux signataires. J’en sais quelque chose parce que j’en suis l’auteur. C'est bien la preuve que ces critiques n'ont pas la moindre valeur», indique-t-il.

Selon lui, une restructuration de l’enseignement du management, du monde des affaires et des marchés est nécessaire: exit l’apprentissage des modèles de stratégies de leadership transformationnel et des lois d’imposition dans le but d’y échapper plus tard.

Le faste des écoles de commerce

L'École supérieure de commerce de Paris est la première à avoir vu le jour en 1819. Un siècle plus tard, des centaines d'autres infrastructures avaient éclos principalement en Europe et aux États-Unis pour atteindre ensuite 13.000 établissements dans le monde entier en 2016. 

Sur certains campus, l'école de commerce saute aux yeux: c'est le bâtiment ostentatoire et flambant neuf. Et de fait, les frais de scolarité annuels peuvent atteindre les 120.000 euros aux États-Unis et jusqu'à 17.500 euros en France. Elles irradient de faste: architecture moderne en briques ou en verre, moquettes épaisses au sol, amphithéâtres des plus luxueux nommés d'après des donateurs ou des entreprises, logos de l'école recouvrant chaque surface comme si le bâtiment était marqué au fer rouge... 

En résumé, Martin Parker conclut que les écoles de commerce «vendent une idéologie comme si c’était une science» et les comparent «à une machine qui transforme les étudiants en profit». Damian O'Doherty et Campbell Jones, quant à eux, ont qualifié ces institutions de «machine cancéreuse qui crache des déchets malades et non pertinents» dans leur «manifeste pour l'école de commerce de demain». 

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