Égalités

À Coachella, des agressions sexuelles à la pelle

Les festivals sont devenus des lieux où la culture du viol règne.

Pendant l'édition 2018 du festival Coachella. | Christopher Polk / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
Pendant l'édition 2018 du festival Coachella. | Christopher Polk / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Teen Vogue

Vera Papisova, rédactrice pour Teen Vogue, s’est rendue au festival de Coachella (Californie) pour enquêter sur l’étendue des agressions sexuelles pendant cet événement. Sa première expérience s’est révélée être à l’opposé de l’image que l’on peut s’en faire –siestes au soleil, couronnes à fleurs et danses endiablées jusqu’à tard dans la nuit– sur les réseaux sociaux.

«J’étais à Coachella pour recueillir des témoignages de festivaliers sur le sujet des agressions sexuelles et du harcèlement. Sur les dix heures que j’ai passées au festival, on m’a pelotée vingt-deux fois. Un mec m’a même suivie et a profité du fait que je sois seule pour s’approcher de moi et passer ses mains sur mes fesses et mes cuisses», raconte-t-elle.

Au cours de son week-end à Coachella, elle a interrogé cinquante-quatre femmes: chacune d'elles avait subi une agression sexuelle ou un harcèlement lors de l’édition 2018 du festival. Vera Papisova explique que la plupart des témoignages recueillis reflètent des comportements de prédateurs de la part des harceleurs.

«Bien sûr qu’il y a des harcèlements sexuels ici. Ça nous arrive à tous les concerts. Il y a tellement de monde à Coachella que les hommes arrivent à vous toucher assez facilement, et ils pensent qu’on s’en aperçoit pas», raconte Ana, 19 ans.

Comme l’explique Teen Vogue, les gestes déplacés sont malheureusement monnaie courante dans les festivals: une étude publiée par OurMusicMyBody en mars 2018, révèle que 90% des femmes qui se sont rendues à un concert ont déjà subi un harcèlement de quelconque nature. En 2015, la photo d’un festivalier vêtu d’un t-shirt «Manger, Dormir, Violer, Recommencer» à Coachella, avait fait parler d’elle: une analogie parfaitement adaptée à la culture du viol, selon Vara Papisova.

Les festivals: exit le consentement?

Le contexte des festivals est souvent une excuse pour les harceleurs –surtout quand ils sont en groupe. Dans son article, Vara Papisova soulève une question: des femmes en train de danser représentent-elles une invitation aux mauvais comportements pour ces hommes?

«On est ici pour passer du bon temps, pour danser. Et d’avoir quelqu’un derrière toi qui te touche ou qui se frotte à toi, c’est juste désagréable», raconte Phoebe, 20 ans.

«Mes amies et moi étions en train de danser pendant le concert de The Weeknd. Des mecs ont commencé à tourner autour de nous et à essayer de danser avec nous. Il y en a un qui essayait même de nous embrasser. Je crois qu'ils pensent avoir le droit de nous toucher parce qu'on est habillés pour Coachella», continue Aaliyah, 21 ans. 

Les agressions et les harcèlements n'arrivent pas seulement à Coachella. En 2016, le Washington Post rapportait l'histoire du festival Bravalla en Suède où les organisateurs donnaient des bracelets «Ne tripotez pas» –suite à un grand nombre de plaintes lors de l'édition précédente. En 2017, le festival a finalement été annulé après des viols

Teen Vogue alarme d'un vrai manque de mesures prises par les organisateurs aux États-Unis et les campagnes de prévention se font rares. Malgré tout, certains festivals donnent l'exemple: le Lollapalooza a créé une page «Safety» qui évoque la marche à suivre en cas d'agression sexuelle. D'autres festivals comme le Lightning in a Bottle, mettent à disposition du personnel médical formé pour intervenir.

«La culture du viol dans les festivals est loin d'être abolie. Les festivals sont censés être des lieux pour se relaxer, rencontrer des gens et profiter de la musique. C'est loin d'être le cas», conclut Vera Papisova. 

cover
-
/
cover

Liste de lecture